Trafalgar – Rémi Monaque


Passés Composés réédite un important ouvrage : Trafalgar de Rémi Monaque.

Les livres français consacrés aux batailles navales sont rares. En ce qui concerne Trafalgar, il en existe seulement deux parus à l’époque du bicentenaire de la bataille en 2005 : l’un écrit par Michèle Battesti et l’autre par Rémi Monaque. Ces deux ouvrages forts intéressants sont complémentaires car leurs analyses et leurs conclusions diffèrent sensiblement. Si Michèle Battesti met en cause l’effondrement moral de Villeneuve pour expliquer la défaite franco-espagnole, Rémi Monaque estime que celle-ci est surtout due à Napoléon qui voulut « manœuvrer ses escadres comme des divisions sur un champs de bataille terrestre ».

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Le petit hunier du HMS Victory à Trafalgar

Rare photographie (crédit : Bruce Buckland) d’un trésor du patrimoine naval, britannique mais pas seulement : celle d’une voile du fameux HMS Victory, vaisseau-amiral d’Horatio Nelson pendant la bataille de Trafalgar (21 octobre 1805). Conservée par les Britanniques pendant un siècle avant d’être quelque peu oubliée, elle fut retrouvée tout à fait par hasard au début des années 1960.

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A propos du camp de Boulogne, rencontre avec Sophie Muffat

A l’occasion de la diffusion récente par les éditions Ancre de la Monographie Bateau canonnier, modèle An XII, paru en 2012, j’ai interrogé Sophie Muffat, auteur de la partie historique de cet ouvrage, à propos de la flottille de Boulogne et du projet d’invasion de l’Angleterre par Napoléon suite à la rupture de la paix d’Amiens en 1803.

Sophie Muffat est une spécialiste de la marine à l’époque napoléonienne. Elle a notamment participé en 2017 au colloque Les rivages de la conquête, organisé par l’Inrap, la ville d’Étaples et la Fondation Napoléon, qui portait sur le camp de Boulogne et dont la première partie des actes a récemment été publiée par la revue Napoleonica.

Son prochain ouvrage Desaix en Egypte, co-écrit avec Pascal Cyr, paraitra aux éditions AKFG le mois prochain. Elle travaille également sur un prochain livre à propos de la vie quotidienne des marins pendant le Consulat et l’Empire, qui devrait être publié l’année prochaine par les éditions Soteca.

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Pour en finir avec huit idées fausses sur la bataille de Trafalgar (21 octobre 1805)

L’histoire est connue. Suite à la rupture de la paix d’Amiens, le 12 mai 1803, Napoléon Bonaparte, encore Premier Consul mais bientôt Empereur des Français, décide de rassembler au camp de Boulogne une armée destinée à envahir le sud de l’Angleterre. Pour permettre le débarquement des troupes sur les cotes anglaises, il est toutefois nécessaire d’éloigner la Royal Navy – bien plus forte que la flotte française – de la Manche. L’entrée en guerre de l’Espagne au coté de la France va permettre la mise en place d’un plan imaginé sous l’Ancien Régime : réunir toutes les escadres françaises et espagnoles afin d’obtenir, du moins en théorie, la supériorité quantitative des alliés sur les Anglais dans la Manche.

A la tête de l’escadre de Toulon, l’amiral Villeneuve est donc chargé de débloquer l’escadre espagnole, commandée par Gravina, à Cadix, puis d’attirer les Anglais aux Antilles, ce qu’il fait, puis de foncer sur la Manche provisoirement vide. Le mauvais état des vaisseaux, le manque d’entrainement des équipages et les mauvaises conditions climatiques font que le voyage est long. Nelson – qui pensait à tort que l’objectif final des Français était une nouvelle fois l’Égypte et s’attarda par conséquent en Méditerranée – rattrape rapidement son retard. Dés l’annonce de la présence de Nelson aux Antilles, Villeneuve veut (conformément au plan envisagé par Napoléon) rejoindre la France. Au large du cap Finisterre, il rencontre l’escadre de Calder et livre le combat dit des Quinze-Vingt, le 22 juillet 1805. A la suite de quoi, n’osant pas se diriger vers Brest afin de débloquer et rallier l’escadre de Ganteaume, il rallie Vigo puis Cadix, où il est bloqué par les vaisseaux anglais dés le 21 août. Deux mois  plus tard, l’escadre franco-espagnole quitte Cadix et se fait quasiment anéantir par l’escadre de Nelson, qui est tué pendant le combat…

La bataille de Trafalgar, célébrée chaque 21 octobre par les Britanniques, est probablement la bataille navale la plus connue de l’Histoire. Pour les Espagnols, elle marqua la fin de leur puissance navale vieille de plusieurs siècles. Pour les Français, elle eut une influence psychologique considérable. Naturellement, elle fut largement commentée et analysée, et bien des idées fausses sont, encore aujourd’hui, rapportées à son sujet…

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Trafalgar 2005 : la participation française

Souvenez-vous, c’était il y a quelques années, le Royaume-Uni célébrait en grande pompe la bataille de Trafalgar (21 octobre 1805). Le 28 juin 2005, 167 navires venus d’une trentaine de nations différentes étaient à Portsmouth afin de participer à la plus importante revue navale organisée depuis la fin de la guerre froide. Parmi eux, cinq unités françaises, dont le porte-avions Charles de Gaulle, la frégate Jean Bart et le sous-marin nucléaire d’attaque Perle. L’envoi du fleuron de la Marine nationale étonna beaucoup de Français, qui virent là une décision honteuse et regrettable.

Dans son remarquable ouvrage Le meilleur des ambassadeurs – Théorie et pratique de la diplomatie navale, le regretté Hervé Coutau-Bégarie a toutefois un autre avis.

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Napoléon et la mer : conférence de Michèle Battesti

Dans le cadre de l’exposition Napoléon et l’Europe organisée par le Musée de l’Armée (27 mars – 14 juillet 2013), Michèle Battesti – spécialiste de la marine du XIXe siècle notamment auteur d’une remarquable thèse universitaire à propos de la marine de Napoléon III – a tenu une conférence en mars dernier au sujet de Napoléon et la mer.

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Skyfall – La dernière scène


(Je conseille aux personnes n’ayant pas encore vu le film de ne pas lire ce billet, et notamment son dernier paragraphe.)
Souvenez-vous, c’était il y a environ un an, je commentais l’une des plus remarquables scènes (selon moi) du dernier James Bond, le fameux Skyfall. La dernière mission de l’agent britannique tourne mal, 007 a échoué et les gros bonnets du MI6 se demandent s’il n’est pas temps de le mettre à la retraite. James est assis pensif à la National Gallery devant le Fighting Temeraire, bâtiment légendaire partant à la casse, remorqué par un navire à vapeur, plus moderne, plus jeune… Le parallèle entre James Bond et le vaisseau à voile est évident. Je précisais en commentaire que dans la toute dernière scène du film, celle où l’agent 007 discutait avec Mallory, l’on pouvait distinguer un autre tableau marine, représentant de toute évidence un combat naval. Malheureusement, le film venait alors tout juste de sortir dans les salles de cinéma, et je n’avais pas la possibilité de pouvoir revisionner la scène afin d’analyser la peinture. Un an plus tard, la situation n’est plus la même et notre enquête peut commencer…
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Des femmes à Trafalgar !

Jusqu’au XVIIIe siècle, bien qu’il ait existé de nombreuses femmes pirates plus ou moins célèbres (Alvilda, Mary Read, Anne Bonny, Grace O’Malley, etc.), les femmes n’étaient en principe pas tolérées à bord de la plupart des bâtiments de mer. Pour les marins, une présence féminine sur un navire portait malheur. Pour les autorités, à l’image des terribles sirènes d’Ulysse, la présence de femmes à bord ne pouvait engendrer que frustrations et jalousies, et entrainer la perte de l’équipage. L’ordonnance du 15 avril 1689 régissant la Marine précisait ainsi dans son article 35 : « Sa Majesté défend aux officiers de ses vaisseaux de mener des femmes à bord pour y passer la nuit ou pour plus longtemps ». On sait par exemple que l’amiral Yves de Kerguelen fut jugé et condamné en 1775 pour avoir (entre autre) fait embarquer clandestinement sa jeune maîtresse à bord de son navire. A partir de la fin du XVIIIe siècle, cependant, les choses commencèrent à changer et les femmes furent de plus en plus acceptées sur les navires de guerre.

Un marin de la Royal Navy, William Robinson, raconte ainsi dans ses mémoires publiés en 1836 que durant la bataille de Trafalgar (21 octobre 1805), une jeune Française embarquée sur le 74 canons l’Achille fut sauvée de la noyade par une embarcation anglaise. Prénommée Jeannette, la rescapée raconta que peu avant la bataille, les femmes présentes sur les vaisseaux français furent envoyées à terre pour leur sécurité. Ne voulant pas quitter son mari, marin sur l’Achille, elle se déguisa en homme et resta sur le navire. Pendant le combat, l’Achille prit feu et explosa. Son mari fut tué. Quant à Jeannette, repêchée entièrement nue, elle aurait été vêtue et réconfortée à bord du HMS Revenge. Elle fut débarquée peu de temps après à Gibraltar.

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