
Au début de la décennie 1850, à la veille de la guerre de Crimée, la Russie possède la troisième marine d’Europe. La flotte de la mer Noire (au Sud) compte 16 vaisseaux à voiles, 7 frégates à voiles, 7 frégates à vapeur et 4 corvettes à voiles. La flotte de la Baltique (au Nord) possède quant à elle 26 vaisseaux à voiles, 14 frégates à voiles, 9 frégates à vapeur et 2 corvettes à vapeur. On le constate, la majeure partie de la flotte russe est composée de voiliers. Le nombre de navires à vapeur est relativement insignifiant, tous sont à roues et non à hélice. La raison de ce retard sensible de la marine russe par rapport aux marines française et britannique s’explique alors essentiellement par le faible développement industriel de l’Empire ainsi que par le manque de bons matériaux de construction et de spécialistes. Pour construire des navires à vapeur, Saint-Pétersbourg est obligé de s’adresser à l’étranger, ce qui occasionne de grandes dépenses. Un effort est toutefois fait à partir de 1851-1852, années durant lesquelles deux frégates à hélice portant chacune 44 canons sont mises en construction. En 1853, deux vaisseaux à trois-ponts sont également mis en chantier, bien trop tardivement cependant pour participer au conflit, qui commence quelques mois plus tard.
Après la guerre de Crimée, durant laquelle une bonne partie de ses navires sont détruits (la flotte de la mer Noire est anéantie lors du siège de Sébastopol, la flotte de la Baltique a également lourdement souffert), la Russie veut retrouver sa place de troisième puissance navale européenne. A l’exemple des marines anglaise et française, elle concentre dés lors son attention sur les navires à hélice, et en particulier les frégates. Entre 1856 et 1863, de nombreux bâtiments de ce type sont ainsi construits, en Russie et à l’étranger, dont trois vaisseaux de premier rang à trois-ponts (dont les deux mis en chantier peu avant le début de la guerre de Crimée), objet de notre article.
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