A propos du Louis XIV (1854)

Le vaisseau de 120 canons le Louis XIV (1854)

Il y a 170 ans, le 28 février 1854, le journal local L’Écho rochelais annonçait la mise à l’eau à Rochefort d’un grand vaisseau de 120 canons, le Louis XIV :

« C’est aujourd’hui mardi, 28 février, dans l’après-midi, que doit être lancé des chantiers de Rochefort le Louis XIV. Ce vaisseau est de premier rang, c’est-à-dire de 120 canons, il est mis en chantier depuis 1811. On le considère comme l’un des plus magnifiques navires de la flotte française.
A une heure, et par la porte du Nord, tous les officiers des armées de terre et de mer en tenue auront accès dans l’Arsenal pour eux et leur famille.
A deux heures, les portes de l’Arsenal seront ouvertes au public ; – à la même heure, la bénédiction solennelle sera donnée au Louis XIV par le clergé de la marine. »

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Le lancement du Valmy vu par la presse (1847)

« Mise à l’eau du vaisseau à trois ponts le Valmy, construit dans le port de Brest sur les plans de M. Leroux. D’après un croquis de M. Copillet. » Extrait de L’Illustration, Journal Universel, N° 240, 2 octobre 1847

Le 9 février 1847, le journal Le Constitutionnel annonce la mise à l’eau prochaine d’un vaisseau de 120 canons à Brest :

« Cinq navires doivent être lancés en 1847, au port de Brest, savoir : le vaisseau de 100 canons le Tage, les frégates la Persévérante, de 60 canons, la Némésis, de 50 canons, le brick de premier rang le Faune, la frégate-aviso à vapeur le Caffarelli. […] En tête de cette liste devrait être le vaisseau de 120 canons le Valmy, le seul vaisseau de ce rang construit sur des plans qui ne datent pas du dernier siècle, le seul par conséquent où tout ait été calculé d’après les nécessités de l’armement actuel de nos navires, qui est bien différent de l’armement des vaisseaux en 1790 […] »

Fait étonnant souligné par le journaliste : au milieu du XIXe siècle, tous les vaisseaux de premier rang français construits depuis la fin de l’Ancien Régime sont issus du plan-type du 118 canons réalisé par les ingénieurs Sané et Borda à la veille de la Révolution française de 1789, si l’on excepte le cas particulier des deux vaisseaux de 110 canons construits sous l’Empire. Le lancement du Valmy attire donc la curiosité des contemporains, d’autant qu’il s’agit alors du plus grand vaisseau jamais construit par la France.

Cet important événement, qui eut lieu le 25 septembre 1847, fut rapporté par le journal les deux derniers jours du même mois…

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Le Souverain (1819-1885)

« Dernier vestige d’un matériel séculaire, il semble être le symbole des traditions des âges qui nous ont précédés. Au milieu des transformations incessantes de notre matériel naval, peut-être n’avons-nous plus à étudier le côté technique de la marine d’autrefois ; nous avons certainement à en méditer le côté humain et à y puiser de fortifiantes leçons. L’engin de combat se transforme le personnel reste le même. Les vaisseaux de ligne, depuis le Soleil-Royal de Tourville jusqu’au Souverain d’aujourd’hui, nous ont légué un glorieux héritage de valeur, d’abnégation et de dévouement. Appliquons-nous à être les dignes fils de nos héroïques devanciers. »

Cette remarquable citation est extrait d’un intéressant article (déjà évoqué sur Trois-Ponts!) Notice historique sur le vaisseau le Souverain publié dans la Revue maritime et coloniale (tome 79, 1883), dans lequel le lieutenant de vaisseau Étienne Farret raconte la carrière des trois Souverain de l’histoire de la Marine française, dont l’important vaisseau de premier rang, mis en chantier à Toulon en 1813, mis à l’eau en 1819 et armé pour la première fois le 16 avril 1840, soit vingt ans après son lancement ! En voici un long résumé.

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Le Friedland, son nom et son lancement (1840)

Lancement du Friedland à Cherbourg le 4 avril 1840, par Antoine Chazal

Lancement du Friedland à Cherbourg le 4 avril 1840, par Antoine Chazal. Musée Thomas-Henry, Cherbourg-en-Cotentin.

« Le 4 avril 1840, à six heures et demie du matin, par un temps nébuleux, une brise froide agitant la plus haute marée, il se passait dans le port militaire de Cherbourg un de ces rares et majestueux événements où se révèle la puissance du génie de l’homme. On lançait à la mer le vaisseau le Friedland de 120 canons, aux acclamations de la ville et des environs, accourue pour assister à cette imposante cérémonie. »

Je publiais il y a quelques mois un billet « J’en ris encore » dans lequel j’expliquais que la multiplication des changements de nom des différents navires de guerre français entre 1793 et 1815, due aux nombreuses fluctuations politiques durant cette période, fut la cause de beaucoup de confusions, confusions que nous retrouvons d’ailleurs parfois encore aujourd’hui. J’avais cité pour l’exemple Pierre Le Conte et le cas du 118 canons l’Océan, trois-ponts qui porta pendant plusieurs jours deux noms officiels (!) J’aurais également pu évoquer le vaisseau de premier rang le Friedland, lancé à Cherbourg en 1840.

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Qu’est ce qu’un trois-ponts ?

Il y a plusieurs mois, le marquis de Seignelay, auteur du blog Le Fauteuil de Colbert, blog traitant de la géopolitique et de la stratégie navale moderne, me contactait afin de me poser quelques questions générales sur les vaisseaux à trois ponts, et la place de ce type de navire dans les marines anciennes. L’idée était de publier mes réponses sur son site, réservé à un lectorat ne s’intéressant pas forcément au sujet.

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Les vaisseaux issus de la commission de Paris (1824)

Les plans Sané-Borda adoptés à la fin de l’Ancien Régime se limitaient à trois types de vaisseaux : le trois-ponts de 118 canons, et les deux-ponts de 80 et 74 canons. Sous l’Empire, deux vaisseaux à trois-ponts de 110 canons furent également lancés. On construisit en outre, durant cette période, quelques « petits 74 canons », aux dimensions sensiblement plus faibles que les 74 canons issus des plans de 1782.

Après la seconde abdication de Napoléon en 1815, la Marine française comptait donc 4 à 5 types de vaisseaux différents, pour la plupart adoptés il y a plus de 25 ans. Il semblait donc évident que cet ensemble devait être repensé. L’arrivée au ministère de la Marine du baron Portal en 1818 permit cette évolution. La priorité fut dans un premier temps donnée aux frégates avec, notamment, un concours en 1817 visant à donner les plans d’une frégate armée de canons de 24 destinée à remplacer les frégates de 18 construites sous le Premier Empire.

La nécessité de faire établir de nouveaux plans types amena le baron Portal à organiser en 1821 une commission dite de Paris, chargée de cet important travail. Les membres de cette commission présidée par Sané furent Rolland, Tupinier, Lamorinière et Lair, tous ingénieurs. Le baron Tupinier, à l’époque Directeur des Constructions navales, publia en 1822 un texte particulièrement important – texte dont j’ai déjà parlé il y a quelques jours – Observations sur les dimensions des Vaisseaux et Frégates de la Marine française. Concernant les vaisseaux de ligne, voici un bref résumé des propositions faites par Tupinier :

1/ Conserver pour vaisseau de premier rang le trois-ponts de 118 canons adopté en 1786, Tupinier écrit : « Je ne proposerai jamais de toucher au vaisseau de 118 canons de M. le baron Sané : de l’aveu de tous les marins, c’est le chef d’œuvre de l’architecture navale ».

2/ Adopter comme vaisseau de deuxième rang un bâtiment deux-ponts de 102 bouches à feu armé de 32 canons de 36 à la batterie basse, 34 canons de 30 à la batterie haute, et 36 caronades de 36.

3/ Et comme vaisseau de troisième rang un bâtiment, également de deux-ponts, de 96 bouches à feu : 30 canons de 36, 32 canons de 24, 34 caronades de 36.

Tupinier proposa donc de renoncer aux vaisseaux de 74 et de 80 canons. Pour autant il indiquait que « nos meilleurs vaisseaux à deux batteries, tant pour la marche que sous tout autre rapport, sont ceux de 80 canons, de M. le baron Sané. Ce qu’on peut faire de mieux est donc de s’écarter, le moins possible, de ce modèle, pour les vaisseaux à deux-ponts ».

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