
Je viens de me rendre compte que j’ai « manqué » la publication en janvier dernier d’un ouvrage traitant d’un sujet relativement méconnu : Talleyrand et l’affaire X, Y, Z par Eric Sinou-Bertault.
Depuis l’exécution de Louis XVI, les relations entre les jeunes républiques française et américaine sont paradoxalement tendues. Les États-Unis se rapprochent de plus en plus de l’Angleterre, au grand dam de la France, qui autorise dés lors ses corsaires à arraisonner les navires américains qui commercent avec les Britanniques. Finalement, une délégation d’émissaires américains est envoyée à Paris en 1797 afin de négocier un nouveau traité bilatéral. Trois agents de Talleyrand, ministre français des Relations extérieures, publiquement désignés X, Y et Z, exigent des concessions importantes et des pots-de-vin pour continuer les négociations. L’affaire est révélée par la presse américaine. Elle fait grand bruit et aboutit à une « Quasi-Guerre », uniquement navale et non officiellement déclarée, entre les deux nations hier encore alliées.
Les hostilités commencent plus précisément le 20 novembre 1798, près de la Guadeloupe lorsque les frégates françaises la Volontaire et l’Insurgente capturent la goélette américaine Retaliation. Les combats restent cependant rares, se limitant à des engagements entre corsaires et quelques duels de frégates, on retiendra notamment la prise de la frégate l’Insurgente par la frégate USS Constellation.
Cette situation absurde ne dure guère, Napoléon Bonaparte, fraichement arrivé au pouvoir, tient à y mettre un terme rapidement. La Quasi-Guerre s’achève le 30 septembre 1800 par le traité de Mortefontaine.
Publié aux éditions L’Harmattan le 5 janvier 2013, ce livre de 276 pages est à ma connaissance le seul ouvrage en français sur cette malheureuse affaire. Pour cela, il mérite certainement que l’on s’y intéresse.
MAJ 6 octobre 2013 : C’est avec tristesse que je viens d’apprendre le décès récent de Monsieur Eric Sinou-Bertault. Cet homme très aimable et passionné m’avait contacté peu après la publication de ce billet il y a plusieurs semaines, l’occasion d’échanger plusieurs messages à propos de notre intéret commun pour l’histoire de la marine. Eric Sinou-Bertault était membre de l’Association des Amis du Musée de la Marine (AAMM), de la Société Française d’Histoire Maritime, du Comité Nantais de documentation historique de la Marine, de la North American Society for Oceanic History et de la Société Canadienne de Recherche Nautique. Une bien malheureuse nouvelle.