Dommages subis sous le feu de l’ennemi au XVIIIe siècle – L’exemple du vaisseau le Souverain à la bataille du 17 août 1759

(Extrait du n°270 de la revue Neptunia, éditée par l’Association des Amis du Musée de la Marine. Article écrit par Patrice Decensière, mis en ligne sur Trois-Ponts! avec son aimable autorisation.) – Lien vers le site internet de l’AAMM.

On sait que les vaisseaux de la marine à voile parvenaient assez bien à résister à l’artillerie de leur époque. Mais il est rare de pouvoir constater dans le détail les effets d’un combat sur un vaisseau. Le hasard nous a mis entre les mains un état détaillé des dommages subis par le vaisseau de 74 canons le Souverain au soir le la bataille du 17 août 1759, première étape de la bataille de Lagos.

Ce document, qui fait partie d’un petit lot d’archives laissé par Joseph de Laborde-Lassale, enseigne sur le Souverain, illustre de manière très détaillée l’état dans lequel pouvait se trouver un vaisseau après une bataille, et ce qui devait être exécuté pour le remettre « en état de naviguer et de combattre ».

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Tactique navale et signalisation au temps de la marine à voile

(Extrait du n°280 de la revue Neptunia, éditée par l’Association des Amis du Musée de la Marine. Article écrit par Patrice Decensière, mis en ligne sur Trois-Ponts! avec son aimable autorisation.) – Lien vers le site internet de l’AAMM.

Dans le numéro 274 de Neptunia, nous avons rappelé les conditions dans lesquelles combattait un bâtiment isolé, au temps de la marine à voile, lorsqu’il affrontait un adversaire de taille et de force à peu près comparable (lire sur Trois-Ponts!). Mais les choses étaient nettement plus complexes lorsque le combat opposait deux formations navales comprenant plusieurs vaisseaux. La tactique navale au temps de la voile reste une discipline mal connue, en dépit des nombreux ouvrages qui ont traité de la guerre sur mer.

Représentation idéalisée d’une bataille navale. Bataille de Béveziers. ©SHD ref.Ms.142-10. Les vaisseaux français, en bas, sont rangés en ligne, de part et d’autre de leur amiral (pavillon blanc au grand mât). Ils font feu de leur artillerie de sabord contre les Anglo-Hollandais, qui sont disposés de la même manière autours de leur propre amiral (pavillon rouge).

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Le combat à la mer au temps de la marine à voile

(Extrait du n°274 de la revue Neptunia, éditée par l’Association des Amis du Musée de la Marine. Article écrit par Patrice Decensière, mis en ligne sur Trois-Ponts! avec son aimable autorisation.) – Lien vers le site internet de l’AAMM.

La haute technicité sur laquelle repose la guerre navale moderne tend à nous faire considérer comme primitive la manière de combattre sur mer au temps de la marine à voile. Pourtant, les marins qui armaient ces vaisseaux et ces frégates construits en bois ne comptaient pas que sur leur bravoure pour vaincre les ennemis : la marine a toujours été une arme technique. La conduite des bâtiments de guerre sous le feu de l’ennemi exigeait un savoir-faire qui ne s’acquérait qu’au terme d’une longue expérience à la mer. Beaucoup de fables entourent les combats navals du temps de la marine d’antan : la réalité était tout à la fois plus complexe et plus prosaïque. On ne traitera ici que de la pratique des combats qui opposent deux navires. Les batailles, où s’affrontaient des formations navales, comme des escadres, constituent un sujet plus large englobant la tactique navale et les techniques de signalisation, même si ces batailles rangées dégénéraient parfois en une mêlée confuse où la plupart des bâtiments finissaient par s’affronter en duels singuliers.

Combat de l’Amazone contre la frégate anglaise Santa Margarita le 29 juillet 1782. Cette représentation, bien que très postérieure au combat, paraît assez fidèle à la réalité de la guerre sous voiles au cours du XVIIIe siècle. Les deux bâtiments courent au près, les basses voiles sur cargues. La fumée de la canonnade obscurcit la vision des combattants, et donc la possibilité de bien ajuster le tir. L’Amazone, qui a l’avantage du vent, est en train de perdre son grand mât, ce qui détermine l’issue du combat* : la perte d’un élément important du gréement est le danger le plus grave qui menace un bâtiment au combat. L’Amazone était l’une des frégates construites en 1778 par le chantier Dupuy-Fromy, de Saint-Malo (Neptunia n° 268). Elle fut reprise par les Français dès le lendemain du combat. Aquarelle exécutée par Fréderic Roux en 1827, pour l’Album de l’amiral Willaumez. © MnM, ref J 1102, cl. P. Dantec

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Vaisseau contre galères

Prise d’un vaisseau hollandais par les galères de France à la hauteur d’Ostende, juillet 1702. Par Théodore Gudin. Châteaux de Versailles et de Trianon, Versailles, France

L’apparition du vaisseau de ligne et son développement au XVIIe siècle eut pour conséquence le déclin de la galère, quelques décennies seulement après la bataille de Lépante (1571), où elle joua pourtant un rôle décisif. Bien que jouissant encore d’un certain prestige, qu’elle conserva en France jusqu’au XVIIIe siècle, la galère n’eut dés la constitution de la première marine de Louis XIV plus qu’un rôle auxiliaire : missions de patrouille, de course ou de protection des convois.

La galère disposait toutefois d’avantages certains sur les navires à voiles. Sa légèreté et son faible tirant d’eau lui permettaient une grande souplesse de manœuvre, sa propulsion la rendait indépendante de la force ou de la direction du vent et sa proue était armée d’une très puissante pièce d’artillerie (dite coursier). Bien utilisées, ces qualités pouvaient être décisives dans un combat opposant des galères à un vaisseau, à la condition bien sûr que l’absence de vent paralyse les mouvements de ce dernier, et que les galères agissent « en meute », groupées et de manière coordonnée.

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Histoire d’une peinture marine russe

Magnifique toile datant de 1892, signée Ivan Aivazovsky, peintre russe du XIXe siècle dont j’apprécie particulièrement les œuvres. Elle représente un célèbre combat de l’histoire de la marine russe, celui du brick Merkourii (Меркурий, Mercure) s’opposant seul, et avec succès, à deux grands vaisseaux de la marine ottomane, dont un trois-ponts, le 14 mai 1829…

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L’affaire du Rocher du Diamant (31 mai – 2 juin 1805)

En 1804, tandis que la Paix d’Amiens vient d’être rompue, les Anglais décident d’occuper le rocher du Diamant, petit îlot inhabité situé dans la mer des Caraïbes au sud-ouest de la Martinique, à trois kilomètres environ de la pointe du Diamant, dans le canal de Sainte-Lucie. Aux mains des Anglais, le rocher devient un véritable poste d’observation capable d’intercepter toute la navigation française de cette colonie, et d’en signaler impunément tous les mouvements. Une petite garnison, forte d’une centaine d’hommes, est chargée de défendre cette position stratégique. Pendant 17 mois, les Anglais vont fortifier le rocher, une citerne de 40000 litres est creusée, les grottes sont transformées en casernes ou magasins, un hôpital est édifié et de nombreux canons sont hissés au plus haut de son sommet.

Bien entendu, Napoléon fait de la capture du rocher une priorité. Le 31 mai 1805, une escadre française, commandée par le capitaine de vaisseau Cosmao et composée de 4 bâtiments de guerre, donne l’assaut. Le 2 juin, les Anglais à court d’eau et de munitions n’ont d’autres choix que de capituler.

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Quand les Anglais se moquaient des peintures françaises

Combat de la frégate la Canonnière contre le vaisseau HMS Tremendous et une frégate anglaise, le 21 avril 1806. Par Julien Gilbert.

En 1830, Charles X, dernier frère de Louis XVI, est chassé du pouvoir et son cousin, Louis-Philippe d’Orléans, est proclamé Roi des Français. Très vite, la question se pose du devenir du château de Versailles, jusque là résidence royale.

Le 1er septembre 1833, le Roi Citoyen, passionné d’Histoire, prend la décision de transformer Versailles en musée historique, dédié « à toutes les gloires de la France », où seront rassemblées toutes les images peintes, sculptées, dessinées et gravées qui illustrent des événements ou des personnages de l’histoire de France depuis ses origines. Au-delà du rôle pédagogique du musée, l’idée est de réconcilier tous les Français si divisés depuis quarante ans. Cette gigantesque entreprise est confiée à l’architecte Frédéric Nepveu. Louis-Philippe prend quant à lui en charge le financement des travaux sur la dotation de sa liste civile, pour plus de vingt-trois millions de francs or, et en suit le déroulement de très près, en multipliant les visites de chantier.

Après quatre ans de travaux, durant lesquels on est amené à détruire de nombreux appartements princiers, Louis-Philippe peut enfin inaugurer son musée.

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La prise de l’Ambuscade par la Bayonnaise (1798)

Le 14 décembre 1798, à 120 milles de l’île d’Aix, la corvette française la Bayonnaise, commandée par le lieutenant de vaisseau Edmond Richer, qui ramène de Cayenne à Rochefort un détachement de 30 soldats de l’ex-régiment d’Alsace, est chassée par la frégate anglaise Ambuscade, commandée par le capitaine Henry Jenkins, qui arrive à porté au milieu de la journée. L’Ambuscade lâche une première bordée, à laquelle la Bayonnaise réplique. Après une heure de combat environ, une pièce de 12 explose dans la batterie principale de la frégate anglaise, provoquant d’importants dégâts, un début d’incendie et une certaine panique dans la batterie, qui cesse de tirer. L’origine de cette explosion est un mystère. Défaut mécanique, erreur de chargement, ou coup au but de la Bayonnaise ?

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