Dommages subis sous le feu de l’ennemi au XVIIIe siècle – L’exemple du vaisseau le Souverain à la bataille du 17 août 1759

(Extrait du n°270 de la revue Neptunia, éditée par l’Association des Amis du Musée de la Marine. Article écrit par Patrice Decensière, mis en ligne sur Trois-Ponts! avec son aimable autorisation.) – Lien vers le site internet de l’AAMM.

On sait que les vaisseaux de la marine à voile parvenaient assez bien à résister à l’artillerie de leur époque. Mais il est rare de pouvoir constater dans le détail les effets d’un combat sur un vaisseau. Le hasard nous a mis entre les mains un état détaillé des dommages subis par le vaisseau de 74 canons le Souverain au soir le la bataille du 17 août 1759, première étape de la bataille de Lagos.

Ce document, qui fait partie d’un petit lot d’archives laissé par Joseph de Laborde-Lassale, enseigne sur le Souverain, illustre de manière très détaillée l’état dans lequel pouvait se trouver un vaisseau après une bataille, et ce qui devait être exécuté pour le remettre « en état de naviguer et de combattre ».

La bataille de Lagos

En 1759, la France préparait une expédition combinée contre l’Angleterre, et la Cour avait décidé de concentrer sur Brest l’essentiel de ses forces navales, ainsi qu’une force terrestre significative.

Une escadre fut constituée à Toulon pour aller renforcer la flotte du Ponant, qui se formait sous les ordres du maréchal de Conflans.

En mai 1758, cette escadre, placée sous les ordres du chef d’escadre La Clue, alors âgé de 62 ans, avait fait une première tentative pour passer dans l’Atlantique, mais elle dut rebrousser chemin, le passage du détroit de Gibraltar lui ayant été interdit pas une force anglaise nettement supérieure en nombre. Elle se reforma l’année suivante, et appareilla de Toulon le 4 août 1759, forte de douze vaisseaux et de trois frégates.

Pour échapper à la vigilance des Anglais de Gibraltar, La Clue fit faire route, sur deux lignes, le plus près possible du littoral marocain, en se faisant éclairer par les frégates. La route choisie permit d’aborder le détroit le 16 août à 7 heures du soir par un vent d’est frais. Les Français mirent à profit ces circonstances favorables pour forcer de voile. Mais malgré la brume qui régnait sur Gibraltar, le passage des Français n’échappa pas à la vigilance des ennemis. En effet, à l’ouvert du détroit, ils aperçurent une frégate qui leur adressa des signaux de reconnaissance auxquels ils ne purent répondre, puis prit la fuite.

À la tombée de la nuit « nous aperçûmes plusieurs feus du côté de Gibraltar… d’où nous entendions tirer plusieurs coups de canon par intervalle, que nous jugions être les signaux du vaisseau que nous avions découvert. » [1]

Arrivé vers minuit à hauteur du cap Spartel, qui forme la sortie du détroit, l’amiral donna l’ordre de réduire la voilure pour rassembler son escadre et il alluma ses lanternes pour indiquer la route qu’il suivait. Ce signal ne semble pas avoir été aperçu par certains bâtiments (ou il fut mal interprété) car, au lever du jour, l’escadre ne comptait plus que sept unités : les cinq vaisseaux manquants, ainsi que les frégates, étaient parties de l’avant. Se retrouvant seuls, ils se rendirent à Cadix qui était le port de ralliement convenu en cas de dispersion [2].

La brume matinale se dissipa bientôt et une vigie signala dans le sud quatre bâtiments portant pavillon suédois. Les prenant pour les retardataires de son escadre, La Clue fit prendre route au sud, à petite voile, pour les joindre. Il fut vite détrompé par l’apparition de quatorze voiles à l’horizon entre le sud et l’est : il s’agissait en effet d’une partie de l‘escadre de Gibraltar qui s’était lancée à la poursuite des Français sous le commandement de l’amiral Boscawen.

Carte du débouché du détroit de Gibraltar. (En bleu : mouvements des forces françaises, en rouge : mouvements des forces anglaises) 1 : L’escadre française est aperçue au soir du 16 août par une frégate anglaise qui alerte la flotte ennemie basée à Gibraltar. 2 : Au cours de la nuit, une partie de l’escadre française perd le contact et va se réfugier à Cadix. 3 : La flotte anglaise (17 vaisseaux) se met en chasse de l’escadre française (qui ne compte plus que sept vaisseaux). 4 : Au soir de la bataille du 17 août, le Souverain et le Guerrier ne peuvent pas suivre l’escadre de La Clue, et ils s’échappent au grand largue. 5 : Ils sont poursuivis par deux vaisseaux anglais. 6 : Ce qui reste de l’escadre française cherche refuge au Portugal (qui est neutre), mais elle est rattrapée et détruite le lendemain par les Anglais. 7 : Une escadre anglaise vient établir le blocus devant Cadix où cinq vaisseaux français avaient trouvé refuge.

S’apercevant de son erreur, La Clue fit remettre en route au grand largue, en forçant de voiles tribord amures, cap au N-NO. L’escadre fut un peu retardée par la mauvaise marche du Souverain dont La Clue précise qu’il fallut l’attendre au moins une fois.

En fin de matinée, l’escadre commençait insensiblement à distancer ses poursuivants, lorsque le vent commença à faiblir. Les ennemis, favorisés par un vent plus frais, se rapprochèrent alors visiblement. La ligne française, mise en ordre de bataille vers 2 heures de l’après midi, était menée par le Téméraire, suivi du Redoutable, du Modeste, du Souverain (commandé par M. de Pannat), de l’Océan (La Clue), du Guerrier, et enfin du Centaure. Peu après, deux vaisseaux ennemis arrivèrent à portée du Centaure qui restait de l’arrière et qui commença à faire donner ses pièces de retraite.

La Clue fit alors signal de réduire la voilure pour soutenir son arrière-garde, ce qui semble avoir intimidé les deux attaquants qui mirent leur perroquet de fougue sur le mât pour réduire leur allure.

Le journal de Laborde-Lassale rapporte que « le commandant anglais, qui portait pavillon bleu au grand mât, était resté de l’arrière, et ne cessait de faire des signaux, à coup de canon et par des flammes, sans doute pour faire engager le combat à ces deux premiers vaisseaux, qui ne paraissaient pas fort pressés. Notre commandant, voyant la situation du Centaure… cargua sa misaine et mit son pavillon de combat. Ce fut ainsi que le Centaure, le Guerrier, l’Océan et nous, tirâmes nos bordées aux vaisseaux ennemis que nous jugeâmes à portée. Il était deux heures et demie.

« Après ce premier feu, nous vîmes que les vaisseaux qui combattaient notre commandant au vent, et par son arrière, avaient été démâtés de leurs deux mâts de perroquet, ce qui les détermina sans doute à les dépasser [3], et à venir nous combattre [4]. Mais nous les reçûmes si bien qu’en peu de temps, leurs huniers furent en lambeau. Le commandant anglais, qui était à trois ponts [5], s’approcha à tribord. Notre commandant… lui riposta fort vivement, avec le Guerrier et nous. En même temps, nous étions aussi battus à bâbord par les vaisseaux qui battaient le Centaure et le dépassaient ensuite, de manière que nous avons fait longtemps feu des deux bords.

« Nous vîmes à tribord de nous le commandant anglais démâté de son mât d’artimon, essuyer le feu de notre commandant, qui était toujours parfaitement soutenu, quoiqu’il se battit des deux bords, de même que le Guerrier et le Centaure. Le matelot d’avant du commandant anglais, ainsi qu’un autre vaisseau ennemi, firent de la voile et le premier, s’étant mis à la portée de notre mousqueterie, fit un feu sur nous très vif, que nous lui rendîmes à double charge, avec tout le succès que nous en espérions. Le Modeste, qui était de notre avant, reçut de même celui qui lui revint, car celui-ci, se laissant culer, joignit son feu à celui de son camarade, et nous obligea de partager le nôtre.

« Nous reçûmes, dans ce temps, plusieurs coups à notre arrière, que nous tirait le commandant anglais, lesquels nous incommodèrent, surtout notre mât d’artimon et notre grand mât. L’amiral [anglais] fit un feu assez nourri pendant près de 3 heures mais, ayant perdu son mât d’artimon, nous eûmes la satisfaction de le voir exécuter lui-même la manœuvre qu’il avait flambée [6] dans le commencement du combat. Ses trois matelots d’avant furent plus opiniâtres. L’Océan et le Souverain, qui s’étaient toujours tenus très serrés, les combattirent encore longtemps. Enfin ils mirent à culer et allèrent grossir le nombre des vaisseaux qui entouraient le Centaure… Nous eûmes la douleur de voir enveloppé le Centaure par cinq vaisseaux, ayant toutes les vergues et les voiles en pantène, et ne plus tirer. Après avoir, ainsi que le Guerrier, fait arriver tout court deux des vaisseaux qui avaient combattus le Guerrier, nous le vîmes arriver à son tour, avec sa vergue de grand hunier, celle du grand perroquet et toutes ses voiles criblées. Il était sept heures du soir. »

Les Anglais s’étant laissé progressivement distancer, le combat cessa peu à peu et les Français s’échappèrent, à l’exception du Centaure qui dut se rendre.

Ce récit un peu confus, qui magnifie peut-être le rôle du Souverain, rend assez mal compte d’une action somme toute assez brillante de la part de La Clue, qui avec sept vaisseaux seulement, sut tenir tête à une force deux fois et demi supérieure à la sienne (l’escadre anglaise comptait 17 vaisseaux, assistés de six ou sept frégates), au prix de la perte d’une seule de ses unités. Il dut ce succès relatif à l’audace de la manœuvre qui consistait à faire des arrivées pour se mettre en travers des poursuivants, et à les menacer par des volées en proue. Cette manœuvre semble avoir été particulièrement efficace contre le gréement des bâtiments ennemis qui, dans ces conditions, présentent une cible plus compacte, et donc plus vulnérable.

La suite fut moins heureuse : la plupart des Français se réfugièrent dans la baie de Lagos, et furent pris ou détruits le lendemain par les Anglais qui les attaquèrent au mépris de la neutralité du Portugal [7].

Plan du vaisseau de 74 canons le Souverain construit en 1757 par l’ingénieur Pomet. (© SHD Toulon ref. 1L 443/4, n° 30)

L’odyssée du Souverain

Le Souverain avait beaucoup souffert, surtout dans son gréement : ses mâts étaient encore debout, mais très endommagés, surtout le mât d’artimon dont on ne pouvait établir la voilure. En outre, le grand hunier était déralingué : dans ces conditions, il n’était plus possible de serrer le vent pour suivre l’Océan et les autres bâtiments de l’escadre qui faisaient route NE, au près, en direction des côtes portugaises. Le commandant du Souverain, M. de Pannat, dut faire prendre une route au grand largue, bâbord amures, le bâtiment étant alors poursuivi par deux bâtiments anglais qui ne furent distancés que lorsque le vent fraîchit, en toute fin de soirée.

La soirée fut passée à obturer les voies d’eau, et à réparer le gréement dormant. À 2 heures du matin, on put commencer à changer le grand hunier qui, entre temps, s’était déchiré en deux jusqu’au bas ris, ce qui ne fut achevé qu’après plus de quatre heures de travail.

Au petit matin du 18 août, une voile était visible à l’horizon, qui suivait une route plus arrivée. Peut être s’agissait-il du Guerrier qui avait beaucoup souffert et qui, lui aussi, n’avait pu suivre l’amiral. En revanche, une autre voile, au vent, semblait s’éloigner, que l’on supposa être une frégate anglaise allant informer l’escadre Boscawen de la découverte des Français en fuite.

En effet, vers 9 heures du matin, trois voiles, vraisemblablement anglaises, apparurent à l’horizon. Le Souverain « prit chasse vent arrière, avec le grand hunier et la misaine qui tenait encore, quoique percée de 24 boulets [8]. Je travaillais à enverguer ma grand voile et mon petit hunier de rechange. Jusqu’à 2 h, les vaisseaux n’avaient aucun avantage sur moi. Mais, depuis 2 h jusqu’à 4 h, ils s’approchèrent de façon que j’étais sûr d’être joint avant la nuit.

« Alors [à 4 heures], mes voiles neuves étant en en place, je pris mes amures à tribord, courant grand largue. Le vaisseau qui était le plus près n’eut plus d’avantage, et j’éloignais les autres de façon à ne craindre qu’ils puissent être à portée. Si le premier venait à me joindre, je me préparais à le bien recevoir. [9] »

Le lendemain, les ennemis avaient disparus, et l’on put procéder à certaines grosses réparations d’urgence : « Je mis alors à la cape pour jumeler mon grand mât et mon mât d’artimon. Je fis radouber mon canot (qui avait reçu trois boulets) et le fis mettre à l’eau pour remédier à un coup de canon qui traversait la mèche de mon gouvernail, et boucher trois coups de canon que j’avais à l’eau, plus exactement qu’ils n’avaient pu l’être dans le combat. A 5 heures du soir, mon navire se trouvait en état de naviguer et de combattre. [10] »

Le Souverain fit ensuite route vers le nord-est pour tenter de rallier Cadix, dans l’espoir de retrouver l’escadre. Mais ce port, devant lequel le Souverain se présenta le 3 septembre, parut étroitement bloqué par les Anglais. En conséquence, le commandant prit la décision de faire voile, vent arrière, sur Ténériffe, afin d’y soigner ses blessés et ses malades, étant à court de « rafraichissements et de remèdes ».

Le vaisseau mouilla le 8 septembre en rade de Sainte-Croix [Santa Cruz]. Les blessés et les malades furent débarqués et soignés sous une tente, ce qui permit de « purifier l’air de l’entrepont ». Au mouillage de Ténériffe, les Français apprirent le triste sort de l’escadre La Clue rapportée par une tartane en provenance de Cadix.

Le 17, le Souverain put appareiller et faire route pour Rochefort, qu’on espérait moins sévèrement bloqué que Gibraltar, Cadix ou Brest. Le 10 octobre, les sondes de l’île d’Yeu furent reconnues.

La route suivie par le Souverain. (1) L’escadre La Clue appareille de Toulon le 4 août. (2) Le 18 août, lendemain de la bataille, le Souverain, parvient à échapper à ses poursuivants et cherche à gagner Cadix. (3) Trouvant ce port bloqué par une escadre anglaise, le Souverain fait route pour Santa Cruz de Tenerife pour y soigner ses blessés. (4) Après une relâche de 9 jours, le Souverain reprend la mer pour gagner Rochefort. (5) Dans la nuit du 10 au 11 octobre, le Souverain doit combattre un vaisseau anglais pour forcer le passage vers le port français.

Le combat de la nuit du 10 au 11 octobre

Mais le Souverain n’était pas encore hors de danger. En début de soirée, « nous aperçûmes plusieurs bâtiments. Nous en remarquâmes un qui, sous le vent, était tout envoilé, que nous prîmes pour une frégate. Il portait plus au vent que nous et avait une marche très supérieure à la nôtre. Il était encore à deux lieues lorsqu’il arbora pavillon français qu’il assura d’un coup de canon. Mr de Pannat, après avoir assuré le sien, lui fit les signaux de reconnaissance, auxquels ce vaisseau ne répondit point. Il nous parut dés lors bien suspect.

« Mr de Pannat fit arriver dessus pour le démasquer et prendre ses mesures dans la nuit. Ce vaisseau hissa alors pavillon anglais, cargua ses basses voiles et mit sa première batterie dehors. Nous le reconnûmes pour un vaisseau de notre force [il s’agissait de l’Hercules, de 74 canons] et nous jugeâmes, à sa manœuvre, qu’il n’était pas seul dans ces parages. Nous fîmes remettre en route. L’Anglais amura ses basses voiles et fit porter aux mêmes amures que nous.

« La nuit étant faite, il prit le bord opposé pour nous prendre par la hanche. En effet, ce bâtiment caréné de frais, parvint bientôt dans notre sillage et voulut sans doute se maintenir dans cette position toute la nuit, pour (…) trouver du renfort à l’atterrage. Mais à 9 heures, Mr. de Pannat, le voyant à petite portée de canon, fit arriver tout court : nous lui lâchâmes notre bordée de sabord qui l’enfila de long en long [11]. Il ne s’y attendait pas, car nous eûmes le temps de reprendre nos amures avant qu’il put dépêcher la sienne. Nous le chauffâmes alors très vivement à la portée de mousqueterie. Il fit grand feu de son côté.

« Le nôtre fut ralenti par un canon de 36 qui, en crevant, en démonta quatre autres, dont trois de 18 et un de 36, éteignit les fanaux de la première batterie, mit quarante hommes hors de combat et mit le feu à l’entrepont. Nous remédiâmes à tout [mais] l’équipage était intimidé… le cri de « Vive le roi ! » que nous fîmes à la chute du grand mât d’hune de l’ennemi redonna la première ardeur à nos gens. L’anglais commençant à se lasser de notre feu, qui durait depuis deux heures, se hala dans le vent, et se tint toute la nuit dans notre hanche, à la portée de canon, faisant plusieurs signaux qui nous confirmèrent dans l’idée (…) qu’il avait des conserves.

« Nous n’en doutâmes plus quand, au point du jour, nous découvrîmes trois bâtiments au vent à nous, et un sous le vent. Mr. de Pannat se prépara à vendre cher le vaisseau de Sa Majesté. L’anglais, trompé comme nous, fit des signaux de reconnaissance avec du canon. Mais, le jour s’étant fait, nous reconnûmes les trois vaisseaux du vent pour des marchands neutres ; celui de sous le vent, au contraire, nous parut [être] un vaisseau de guerre qui serrait le vent pour nous joindre.

« Nous découvrîmes bientôt après la tour de Chassiron. Le vaisseau ennemi, qui nous avait toujours suivi, nous voyant entrer dans le pertuis d’Antioche sans toucher, revira au large, et nous mouillâmes à la rade des Basques » [12].

Ainsi se terminèrent les aventures du Souverain qui put entrer à Rochefort pour s’y faire remettre en état et débarquer ses blessés ainsi que ses malades [13].

Manœuvre du Souverain poursuivi par HMS Hercules, dans la soirée du 10 octobre : les deux vaisseaux courent au près, l’anglais légèrement sous le vent (A). Le Souverain fait une brusque arrivée et sert à son poursuivant une volée en proue (B), avant de reprendre prestement sa route au près (C). Cette manœuvre parait simple, mais elle doit être préparée avec soin et discrétion afin de surprendre l’adversaire (qui pourrait lui aussi abattre). Elle exige une très rapide réaction des canonniers qui doivent exécuter leur tir pendant le très court moment où la proue de l’ennemi est à portée. Les pièces ont sans doute été orientées légèrement en retraite avant la manœuvre pour faciliter le tir (le tir « en belle » aurait nécessité que le Souverain abatte jusqu’au largue). C’est sans doute cette manœuvre qui permit de faire tomber le mât de hune de l’anglais : au tir en enfilade, la mâture est plus facile à atteindre qu’au combat bord à bord.

Les dommages subis par le Souverain lors de la bataille du 17 août 1759

L’intérêt de ce récit réside dans le fait qu’il relate d’une manière très vivante une bataille navale rarement présentée mais, plus encore, parce qu’il est accompagné d’un état très détaillé des dommages subis au cours de la bataille. Ce très rare document permet de donner une image précise de l’état d’un vaisseau ayant subi le feu de l’ennemi pendant plusieurs heures. Il permet également de faire quelques observations sur la manière de combattre à la mer au milieu du XVIIIe siècle.

Les pertes humaines

Les pertes semblent relativement légères : sur un équipage comprenant 657 hommes et 67 mousses, on ne releva que 63 blessés et 15 morts après la bataille, dont un officier (M. de Paul, sous-brigadier des gardes de la Marine). A titre de comparaison, au soir du 17 août, l’Océan eut à déplorer une centaine de tués et plus de 70 grands blessés, dont l’amiral qui eut une jambe brisée par un coup de mitraille et qui dut céder son commandement à son capitaine de pavillon.

Il faut ajouter à ce chiffre les « quarante hommes mis hors de combat » par l’explosion du canon de 36 intervenue le 10 octobre à bord du Souverain. Au nombre de ces derniers, on compte plusieurs des officiers de quart dans les batteries : deux lieutenants, et un garde-marine reçurent en effet des blessures légères, ainsi que l’enseigne Laborde-Lassale lui-même, qui subit une forte contusion au bras, et eut « toute la face brulée » [14].

Les effets de l’artillerie sur le corps du bâtiment

Laborde-Lassale eut sans doute l’occasion de participer à l’inspection des dommages, soit à bord du canot mis à la mer le 19 août, soit au mouillage de Santa Cruz. Il nous a en effet laissé un « devis de l’état du vaisseau le Souverain après le combat du 17 août », qui détaille l’emplacement des impacts et la nature des projectiles reçus : boulets, mitrailles, etc.

On observe que le côté tribord (bord du vent) a beaucoup plus souffert, ce qui est cohérent avec le récit de la bataille donné par le journal : c’est de ce côté que la plupart des vaisseaux anglais se sont présentés. Ces vaisseaux attaquant au vent du Souverain avaient une gîte qui ne leur facilitait pas le tir à démâter. On peut donc supposer qu’ils ont principalement fait feu sur le corps du navire, et que ceux qui étaient sous le vent ont plutôt cherché à faire feu sur le gréement. Ceci étant, on a retrouvé trace d’un certain nombre d’impacts de mitraille (et même d’un boulet ramé) sur la muraille tribord du vaisseau français. Sans doute s’agissait-il de tirs anglais « à démâter » effectués à plus grande distance (qui aurait permis d’élever suffisamment les canons pour pouvoir atteindre le gréement), qui auraient pu être mal coordonnés avec le roulis et partir trop bas.

Quoiqu’il en soit, on constate que les nombreux coups portés à plein bois n’ont en réalité provoqués que des dommages mineurs : trois coups à l’eau seulement (alors que la gîte du Souverain, sous le vent des ennemis qui l’attaquaient par tribord, laissait à découvert une partie de ses œuvres vives), ainsi que quelques coups ayant emportés le vaigrage (principalement à la seconde batterie, où la muraille est moins épaisse). Comme on l’a vu, ces dommages purent être réparés sommairement pendant le combat ou immédiatement après.

En revanche, les dommages causés à la mâture et au gréement étaient autrement plus dangereux.

Les 56 impacts constatés sur la muraille de tribord (au vent) du Souverain après la bataille du 17 août 1759. Les impacts de boulets sont en rouge. On a distingué (brun foncé et centre blanc) la trace des boulets qui ont atteint le vaigrage : ce sont les seuls (avec ceux qui ont pénétré par les sabords) qui ont pu causer des dommages corporels dans la batterie, principalement par les éclats de bois qu’ils ont provoqués. Les impacts de mitraille sont représentés en orange : on remarque qu’ils sont particulièrement nombreux entre les 6e et 9e sabords de la seconde batterie (un boulet à deux têtes s’est perdu sur la muraille, entre le 7e et le 8e sabord). La muraille bâbord (sous le vent) n’a reçu que trois boulets. (Profil d’un vaisseau de 74 canons, Jean Boudriot)

Les dommages de la mâture

La mâture a beaucoup souffert : le grand mât reçut au moins quatre boulets, dont un qui l’a traversé « à jour », à mi hauteur, emportant quatre pouces de la mèche [15], et un autre qui a laissé une ouverture de douze pouces, au quart de sa hauteur. En outre, ce mât a subi trois impacts de mitraille.

Le mât de misaine n’a subi que des tirs de mitraille, mais sa vergue a été atteinte par un boulet.

En réalité, c’est le mât d’artimon qui semble avoir été le moins épargné : un boulet a emporté les deux tiers de son épaisseur, douze pieds en dessous de son chouquet, et la vergue du perroquet de fougue a été coupée en deux, sans compter d’autres impacts, à la hune d’artimon et à son antenne.

Le gréement

De nombreux cordages ont été coupés par l’artillerie ennemie, notamment par les boulets ramés dont il a été fait usage.

Le gréement dormant, qui assure la tenue de la mâture, et dont la rupture est la plus dangereuse, a beaucoup souffert : neuf bas-haubans de grand mât ont été coupés, ainsi que huit du mât de misaine et quatre du mât d’artimon, comme l’a été le faux étai de misaine et, plus grave encore, l’étai d’artimon et son collier. Au niveau des huniers, quatre haubans de grand hunier, ainsi que six galhaubans et l’étai sont rompus (on se demande comment le grand mât de hune a pu tenir dans ces conditions).

Les dommages sont à peine moins importants aux gréements du mât de petit hunier et du mât du perroquet de fougue. Un boulet a atteint la liure de beaupré mais, par chance, n’a pas provoqué sa rupture, qui aurait pu avoir des conséquences catastrophiques.

Le gréement courant n’a pas été épargné, on relève par exemple que l’amure de misaine a été coupée, comme l’écoute de sa vergue, les bras des basses vergues, ainsi que certains de leurs faux bras, etc.

La rupture de chacun de ces cordages importants aurait compromis la manœuvre du bâtiment s’ils n’avaient été doublés, avant le combat, par des faux-bras, des faux-étais, etc. ou s’ils n’avaient pas été repassés par des rechanges.

Au total, on compte 31 cordages coupés au mât d’artimon, 46 au mât de misaine, et autant au grand mât. Il est miraculeux que la mâture ait tenu bon malgré tout, et l’on peut imaginer le travail que représentait la remise en état du gréement (une partie de ce travail ayant dû être exécuté de nuit). Au total 131 cordages durent être remplacés, ainsi que quatre poulies qui avaient été brisées dans le combat.

Les voiles

Les voiles ont été particulièrement « hachées » par les boulets et surtout par la mitraille. On compta 30 déchirures dans l’artimon, 60 dans le grand hunier (dont la ralingue avait été arrachée en deux endroits), 70 dans la grand voile, 24 dans la misaine et 31 dans le petit hunier.

Le détail de ces dommages permet de constater que le bâtiment naviguait avec presque toutes ses voiles, y compris la perruche, un perroquet volant, deux voiles d’étai, et au moins un « coutelas » (bonnette triangulaire) : toutes ces voiles ayant reçu des projectiles.

Cette voilure importante, un peu inhabituelle au combat, s’explique par le fait qu’il s’agissait d’une poursuite au grand largue et non pas d’une bataille classique, combattue au près bon plein (en général sous huniers seuls). C’est aussi la configuration de navigation qu’on retrouvera, quelques mois plus tard, à la bataille des Cardinaux.

Dommages subis par la mâture et par le gréement dormant. Cette illustration ne rend que très partiellement compte de l’état du gréement, car on n’a pas représenté les ruptures du gréement courant ni les coups reçus dans les voiles (299 sur l’ensemble de la voilure). On remarque les impacts, assez nombreux, qui ont été relevés sur la mâture (dont un coup « qui passe à jour », vers le milieu de la hauteur du grand mât). Á noter la rupture d’étais importants, ainsi que de nombreux haubans et galhaubans*. Dans ces conditions, la survie de la mâture parait assez étonnante, et elle témoigne du savoir-faire des gréeurs toulonnais. (Profil d’un vaisseau de 74 canons, Jean Boudriot)

Les autres dommages

Les boulets anglais infligèrent d’autres dommages au bâtiment : c’est ainsi que la chaloupe et le canot furent percés par des boulets, et qu’une vergue de rechange du grand hunier, constituant la drome, avait été entamée de six pouces au tiers de sa longueur, et atteinte par de la mitraille en son milieu.

Plus grave, un boulet avait traversé le gouvernail au second fémelot d’en haut, et avait atteint la mèche. Au passage, le boulet avait coupé une brague ainsi que les deux sauvegardes du gouvernail.

La poupe après la bataille : les quelques impacts relevés sur l’arrière du Souverain ne semblent pas avoir été l’effet d’une « volée en poupe », mais plutôt être le résultat de tirs reçus de travers : en effet, un tir reçu en enfilade aurait démonté plusieurs canons de la batterie, ce qui n’a pas été le cas. D’autre part, le boulet qui a « emporté le manteau de poupe », ainsi que celui qui a traversé le gouvernail, n’ont pu être tirés que depuis le travers du Souverain. (Poupe d’un vaisseau de 74 canons, Jean Boudriot)

Éclatement de canons

Mais le dommage subi qui fut le plus ressenti par l’équipage français n’était pas dû à l’ennemi. Au cours de la bataille, le bâtiment eut en effet à subir « l’accident cruel [16] » de voir un canon de la première batterie et trois de la seconde « crever » à leur mise à feu. L’accident se répéta d’ailleurs au combat du 10 octobre, avec des suites plus graves : on a vu que le second pont fut soulevé par l’explosion, démontant trois canons de 18 ; le souffle renversa une autre pièce de 36 et mit « hors de combat » plusieurs dizaines de canonniers. On comprend la « timidité » des servants devant cette succession d’accidents…

Il est clair que l’artillerie du Souverain avait été assemblée à la hâte (la première batterie comprenait huit canons de bronze, et vingt canons de fer…) ainsi que des pièces de second choix.

Ces accidents sont à rapprocher du fait que c’est seulement à partir de 1754 que la Marine demanda à Maritz de moderniser les établissements lui fournissant son artillerie. Jusque là, les canons sortant de ces fonderies s’étaient révélés de qualité inférieure, notamment en raison de procédés de fonte mal contrôlés, et d’une technique d’alésage rudimentaire. L’intervention de Maritz (présent à Rochefort entre 1754 et 1760) apporta une véritable révolution dans les procédés de fabrication et améliora très sensiblement la fiabilité de l’artillerie embarquée. Il est probable que le Souverain avait été armé de canons fondus et alésés « à l’ancienne ».

Consommation de munitions au cours de la bataille du 17 août

• À la première batterie (canons de 36) : 493 boulets ronds, 55 boulets ramés et 36 charges de mitraille;
• À la seconde batterie (canons de 18) : 399 boulets ronds, 30 boulets ramés et 50 charges de mitraille ;
• Sur les gaillards (canons de 8) : 59 boulets ronds, 10 boulets ramés et 8 charges de mitraille ;
• Aux hunes, où étaient montés les canons de la chaloupe (pièces d’une livre) : grande hune : 16 boulets, hune de misaine : 16 boulets.

La mousqueterie a tiré environ mille coups. La consommation totale de poudre s’est élevée à 95 quintaux.

Si le Souverain avait combattu également des deux bords, chaque canon de la première batterie aurait tiré 17 boulets, 2 boulets ramés et un peu plus d’une charge à mitraille, ce qui ne parait pas beaucoup pour un engagement qui semble avoir duré plus de 4 heures.

En réalité, le rapport de Mr. de Pannat précise que « de 2 h 30 à 5 heures, il a toujours « combattu deux vaisseaux au vent et un sous le vent ». On peut donc conclure que la batterie du vent (tribord) a été beaucoup plus active, et il faut ajouter qu’un canon y a été mis hors service pendant le combat : certaines pièces de ce bord ont donc pu tirer une quarantaine de coups ou plus, soit quinze ou vingt par heure au plus fort du combat, et peut-être plus. En effet, il est difficile d’imaginer que le feu a été constant pendant toute la durée de l’action : le journal précise qu’au moins quatre ou cinq vaisseaux ennemis se sont présentés successivement à tribord, et il n’aurait servi à rien de faire feu sur un ennemi qui n’était pas directement à portée de tir.

À titre de comparaison, l’Océan, qui portait 90 canons, rapporte avoir consommé 2 700 gargousses de tous calibres, et n’en n’avoir plus que 7 à 800 après la bataille [17].

À ces consommations, il faut toutefois ajouter les projectiles utilisés au cours du combat du 10 octobre.

Les leçons d’un combat : aménagements suggérés au Souverain

À son arrivée à Rochefort, M. de Pannat établit un « Devis de retour de campagne » qui fournit un certain nombre de précisions : le bâtiment « porte très bien la voile, il ne fatigue point sa mâture [18], il gouverne très bien… bien qu’ayant été chassé après cinq mois de carène [19]. Il fut beaucoup mieux lorsqu’on eut fait sauter les épontilles et mis dans le milieu les couffes et hardes qui étaient aux bastingages [20] ». Cette appréciation est un peu optimiste si l’on se souvient que l’escadre avait dû attendre le Souverain qui trainait de l’arrière au cours de la matinée du 17 août, alors qu’on espérait encore distancer les Anglais.

En outre, Pannat émet un certain nombre de recommandations dictées pas la récente expérience du Souverain au combat, au cours de laquelle on semble avoir rencontré quelques problèmes pour pointer l’artillerie : « Il est très nécessaire de donner une plus grande largeur aux seuillets des sabords, pour avoir des pointages plus étendus. […] Si l’on allongeait les porte-haubans d’un pied six pouces, l’on pointerait alors les canons de gaillards, avant et arrière, sans craindre, en les tirant, de couper les haubans, rides d’haubans, galhaubans et caps de mouton. Si l’on frappait une poulie au dogue d’amure [l’amure] n’embarrasserait point la seconde batterie dans un combat. »

Le Souverain demeura à Rochefort jusqu’à la fin de la guerre, puis le vaisseau rallia Toulon, où il assura un service sans gloire jusqu’à la Révolution. Rescapé de l’occupation anglaise de 1793, il fit partie de l’expédition d’Égypte, et finit capturé à la bataille d’Aboukir quarante ans après son lancement.

Première page du « Devis de retour de campagne » du Souverain, établi le 29 octobre 1759 (SHD Rochefort, ref. 2G2-9/101).

Conclusion

Le Souverain a eu beaucoup de chance : sa mâture et son gréement ont tenu bon, malgré les blessures qu’ils avaient subies, et malgré le fait qu’il fallut fuir au plus vite des ennemis lancés à sa poursuite, par une mer qualifiée de « grosse » quelques heures avant la bataille.

Que tirer de cet épisode ?

Il faut d’abord relever l’habileté manœuvrière et l’audace d’un chef d’escadre généralement sous-estimé par les historiens. On peut ensuite constater que La Clue fut bien servi par ses capitaines, et notamment par M. de Pannat, un commandant manifestement énergique, qui sut prendre des initiatives et utiliser les leçons de son chef lorsque son bâtiment, isolé, se retrouva dans une situation voisine de celle qu’avait subie l’escadre dont il avait fait partie.

Mais il faut surtout admirer le travail de l’état-major et de l’ensemble de l’équipage du Souverain qui, en moins de deux jours, fut capable de remettre « en état de naviguer et de combattre » un vaisseau fortement malmené par les boulets britanniques.

Une dernière constatation : les boulets reçus sur la muraille du vaisseau n’ont causé que des dommages superficiels, et rapidement réparés. En revanche, on observe que les avaries de gréement causées par un certain nombre de coups heureux dans leur mâture, ont handicapé plusieurs bâtiments anglais et sont à l’origine de la perte du malheureux Centaure.

On en conclura sans risque que l’expression de « tir à couler bas » n’a plus de fondement au XVIIIe siècle [21], et que la vulnérabilité des bâtiments de guerre se situe en réalité au niveau de leur mâture qui supporte le « moteur » des grands voiliers de guerre. Le sort du Centaure illustre clairement ce qui arrive à un bâtiment rendu incapable de manœuvrer sous le feu de l’ennemi.

C’est donc clairement la réussite du tir « à démâter » qui fait la différence au combat. Ce tir est très aléatoire, étant donné l’étroitesse des cibles (mâture et gréement dormant, haubans, étais, etc. [22]), du moins lorsque l’on combat bord contre bord. Le succès dépend donc plus de la cadence de tir que de sa précision : il nécessite de ne faire feu qu’au relevé du roulis, comme le préconisaient expressément les Français, ce qui évite de gaspiller ses boulets contre la muraille des vaisseaux ennemis ou, pire, de faire feu dans l’eau (les éventuels tirs « à ricochet » n’ayant qu’une efficacité très douteuse).

En conclusion, on ne peut que constater à nouveau que c’est bien l’entrainement des canonniers au tir à la mer qui pouvait faire la différence face à l’ennemi. C’est sans doute une des causes qui expliquent la supériorité presque constante de la marine anglaise au combat.

_____________________________________________
Notes :

[1] Journal tenu par l’enseigne Laborde-Lassalle, à bord du Souverain (collection particulière). Ce journal est beaucoup plus détaillé que le bref compte-rendu que fit le commandant du bâtiment à son retour en France, et qui est le seul à être conservé dans les archives publiques (AN, Mar B-4-90/f°202 et suivant).

[2] Ces cinq vaisseaux étaient le Fantasque, le Lion, le Triton, le Fier et l’Oriflamme, qui constituaient la ligne sous le vent de l’escadre. Ils furent bloqués à Cadix par une croisière anglaise, mais ils parvinrent ultérieurement à s’échapper et à rentrer à Toulon.

[3] C’est-à-dire à les amener.

[4] Le Souverain se trouve alors sur l’arrière de l’Océan (La Clue), désigné comme « notre commandant » dans le journal de Laborde-Lassale.

[5] Il s’agit du Namur, de 90 canons.

[6] Flamber : sans doute condamner ou reprocher (ce terme n’est pas repris dans le grand dictionnaire de Trévoux).

[7] Parmi les officiers français fait prisonniers à Lagos figure Suffren, qui était lieutenant sur l’Océan.

[8] Laborde-Lassale donne un compte un peu différent (voir plus bas).

[9] Compte-rendu de M. de Pannat, commandant du Souverain, en date du 13 octobre 1759 (AN Mar B4/90 f°202 et suivants).

[10] id.

[11] On peut remarquer qu’il s’agit d’une manœuvre assez comparable à celles qui avaient été commandées (au largue) par La Clue lorsqu’il était poursuivi par l’escadre anglaise, au cours de la bataille du 17 août (voir plus haut).

[12] Journal de Laborde-Lassale.

[13] La carrière de ce vaisseau se poursuivit assez longtemps, puisqu’elle ne s’acheva que par sa prise par les Anglais, à la bataille d’Aboukir, quarante ans après sa mise à l’eau.

[14] Laborde-Lassale ne mentionne pas sa propre blessure dans son journal. Chaque officier reçut une gratification de 400 livres. Un garde de la marine, blessé aux deux jambes, reçut 300 livres. (AN Mar B-4-90)

[15] Partie centrale d’un mât d’assemblage.

[16] L’expression est du commandant du bâtiment.

[17] AN, Mar B4 90, f°174.

[18] C’est sans doute à cette qualité que le Souverain dut de conserver une mâture très affaiblie.

[19] Au combat du 10 au 11 octobre.

[20] SHD Rochefort, ref. 2G2-9/10 (document aimablement communiqué par M. Morgat).

[21] Il vaut mieux parler de « tir à plein bois »

[22] Sauf, comme on l’a vu, lorsqu’on fait feu en proue ou en poupe, puisque les mâts se présentent à peu près les uns derrière les autres. Mais, surtout dans ce dernier cas, le « tir en enfilade » est également meurtrier contre la partie de la coque des vaisseaux qui est la moins protégée.

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