A bord des sous-marins

Rencontre avec Jean-Yves Delitte, peintre officiel de la marine, co-auteur avec Jean-Benoit Héron du livre A bord des sous-marins, à paraitre aux éditions Glénat le 21 avril. Ce nouvel ouvrage fait suite au très réussi A bord des frégates paru en juin 2020.

Après A bord des frégates, voilà A bord des sous-marins ! Pourquoi ce choix ?

Jean-Yves Delitte : Quand Jean-Benoît Héron et moi-même avons décidé de mélanger nos pinceaux et nos plûmes pour créer cette collection, il nous a fallu décider les différents sujets abordés. Ils sont innombrables mais après les frégates, le sous-marin s’imposait naturellement comme prioritaire. Qui enfant n’a pas imaginé des aventures à bord d’un sous-marin ? On se souvient aussi de nos lectures, Jules Verne évidemment ! Et puis, le sous-marin avec ses mystères a toujours suscité bien des questions. La collection se veut populaire, grand public. On veut émerveiller tout en offrant des ouvrages didactiques.

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Essais d’un navire sous-marin sous le Premier Empire

Extrait du Moniteur universel, numéro du lundi 29 avril 1811, citant un rapport écrit par Lazare Carnot à l’Académie des sciences le 1er avril de la même année :

« Rapport sur le Nautile-marin de MM. Coëssin frères.

Le désir de séjourner à volonté sous les eaux n’est pas une chose plus nouvelle que celui de planer dans les airs. Les efforts qu’on a faits pour y parvenir sont de tous les temps ; mais ce n’est que de nos jours qu’on a obtenu enfin quelque succès dans l’une et l’autre de ces deux espèces de navigations. Quoique le problème de la navigation sous-marine paraisse présenter moins de difficultés que celui de la navigation aérienne, c’est cependant celui-ci qui a été résolu le premier ; car il y a déjà vingt-huit ans que feu notre confrère M. Montgolfier conçut, et que s’exécuta au grand étonnement de l’Europe le hardi projet de s’élever au-dessus des nuages ; mais si les anciens sont parvenus à quelques résultats intéressants dans l’art de naviguer sous les eaux, il ne paraît pas qu’on leur ait donné aucune suite, et l’on peut regarder cette découverte comme très récente.

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Le Casabianca et l’esprit de suite des noms des navires de la Marine

L’explosion du vaisseau l’Orient à Aboukir, le 1er août 1798. Par Georges Arnald.

Le 27 novembre 1942 est l’une des pages les plus dramatiques de l’histoire de la Marine. Ce jour là, la flotte française se sabordait à Toulon pour éviter de tomber entre les mains de l’occupant allemand. Quatre sous-marins et un petit baliseur parvinrent toutefois à quitter la rade de Toulon et à échapper au désastre. Parmi ces bâtiments, le plus fameux est sans doute le Casabianca, parfois nommé à tort le Casablanca.

Luce de Casabianca, d’origine corse, était le capitaine de pavillon de l’amiral Brueys à bord du vaisseau de 118 canons l’Orient. Lors de la bataille d’Aboukir le 1er août 1798, il fut tué pas un boulet ennemi. Son fils, Giocante Casabianca, âgé de 10 ans, également à bord de l’Orient, fut tué lors de l’explosion du navire pendant le combat. Son nom fut donné au sous-marin qui nous intéresse peu avant son lancement en 1935, à l’initiative du ministre de la Marine de l’époque, François Piétri, également originaire de Corse. Il fut le premier bâtiment français à porter ce nom.

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Doit-on dire « le sous-marin la Minerve » ou « le sous-marin Minerve » ?

Florence Parly, la ministre des armées, l’a annoncé ce matin : « Nous venons de retrouver la Minerve. C’est un succès, un soulagement et une prouesse technique. Je pense aux familles qui ont attendu ce moment si longtemps ».

La Minerve, sous-marin d’attaque français de type Daphné lancé en 1962 avait disparu le 27 janvier 1968 au large de Toulon, avec 52 marins à son bord. Des recherches pour retrouver le bâtiment avaient été menées de 1968 à 1970, sans succès. Elle avaient repris cette année, à la demande des familles de disparus.

La nouvelle est donc bonne et importante. Elle est également l’occasion pour moi de revenir sur un sujet qui m’intéresse depuis longtemps : l’appellation des navires de guerre français.

J’ai agréablement constaté que l’immense majorité des grands médias ont bien nommé le sous-marin retrouvé LA Minerve et non LE Minerve ! Minerve étant une déesse de la mythologie romaine, le bâtiment doit être féminisé car son nom est féminin, et ce peu importe que le type de navire (sous-marin en l’occurrence) soit masculin ! C’est la règle dans la marine de guerre française, comme je l’ai largement expliqué dans un précédent article du blog.

J’ai toutefois observé une maladresse récurrente dans de nombreux articles de presse : la présence de l’article « la » lorsque le nom du navire est précédé de son type. On peut donc lire dans de nombreux articles : « le sous-marin la Minerve ». Cette façon d’écrire est incorrecte, car l’article « la » ne fait pas partie intégrante du nom du sous-marin français…

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Le développement de l’arme sous-marine

Le sous-marin français Gymnote, le 22 février 1890

Je lisais dernièrement l’ouvrage récemment paru aux éditions Perrin, La guerre sous-marine allemande 1914-1945, de François-Emmanuel Brézet. L’occasion de rédiger une brève réflexion sur le développement de l’arme sous-marine et de montrer que, quasiment dés l’origine, cette arme a été pensée pour combattre les Britanniques.

L’idée de construire un navire sous-marin est, contrairement à ce que l’on pourrait penser, assez ancienne. Dés l’Antiquité en vérité ! Au fil du temps, cette idée va petit à petit se concrétiser. Au XVIème siècle par exemple, François Bacon de Verulam écrit : « Nous avons ouï dire qu’on avait inventé une autre machine en forme de petit navire, à l’aide de laquelle des hommes pouvaient parcourir sous l’eau un assez grand espace. » Quiconque voudra résumer l’histoire du sous-marin commencera toutefois son introduction en évoquant le Turtle de David Bushnell et le Nautilus de Robert Fulton. Il est intéressant de noter, outre le fait que ces deux navires sont le fruit d’inventeurs américains, qu’ils ont été imaginés pour combattre la marine britannique, pendant la Guerre d’Indépendance pour le premier, un peu plus tard, à l’époque de la Révolution française, pour le second.

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Montgéry, cet illustre inconnu !

Dans son ouvrage La Naissance du Cuirassé, James Phinney Baxter écrit : « L’artilleur Paixhans qui prévit la révolution dont il fut l’artisan, Napoléon III qui sut choisir l’homme et le soutenir envers et contre tous, Dupuy de Lôme, enfin, qui résolut le problème du cuirassé de haute mer restent les trois figures essentielles de l’histoire du cuirassé ». Ces trois hommes ont un point commun : ils sont Français. Et le premier véritable cuirassé moderne de l’histoire fut également français, il s’agit de la Gloire.

Lancée en 1859, la Gloire est en fait un vaisseau à hélice de type NapoléonAlgésiras dont on a rasé la batterie haute et diminué la voilure, le gain de poids ainsi obtenu permettant de doter le bâtiment d’une armure en fer de 800 tonnes environ. Le navire n’ayant dés lors plus qu’une seule batterie armée de 32 canons, on parle à l’époque de « frégate cuirassée ».

J. P. Baxter cite également par la suite un quatrième nom, bien moins célèbre que les trois premiers : Jacques-Philippe Merigon de Montgéry (1781-1839).

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