Le bilan de la Marine française de l’Ancien Règime

Ci-dessus : la bataille de Béveziers, 1690. Par Albert Brenet. A gauche, le Soleil Royal, vaisseau amiral du comte de Tourville.

Dans ses Souvenirs d’un amiral, publiés en 1860, Edmond Jurien de la Gravière*, fameux amiral de la Marine française du Second Empire, écrit :

« De 1676 à 1782, la marine française a livré vingt et une batailles rangées ; elle n’en a perdu que trois. Dans presque toutes les autres, elle est restée maîtresse du champ de bataille. Nos défaites mêmes n’ont point eu le caractère désastreux qu’on a voulu généralement leur imputer ; le découragement qu’elles nous inspirèrent en fut la plus triste conséquence. »

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La fin de la marine de guerre à voile en France (1857)

En 1865, l’amiral Edmond Jurien de La Gravière, qui participa notamment à la guerre de Crimée en 1854 et commanda l’escadre française envoyée au Mexique en 1861, raconte dans l’une de ses nombreuses publications, La marine d’autrefois par un marin d’aujourd’hui, la fin de l’époque de la marine de guerre à voiles et les conséquences du lancement du Napoléon, premier vaisseau de ligne à hélice conçu pour naviguer principalement à la vapeur (les voiles ne jouant plus qu’un rôle auxiliaire) :

« Le jour où fut arrêté ce programme [de 1857], la marine d’autrefois eut vécu. Une sorte de solennité sembla présider à sa condamnation. Ce fut en plein conseil d’État, les sections de la guerre, de la marine et des finances réunies, que l’arrêt rigoureux, un arrêt suprême et sans appel, lui fut signifié. Après une délibération, telle qu’on la pouvait attendre de cette grande assemblée au sein de laquelle tant de questions sont venues chercher la lumière, il fut décidé qu’à dater du 1er janvier 1858 un navire à voiles, quel que pût être le nombre de ses canons, cesserait d’être considéré comme un navire de guerre. Ainsi finit une marine qui avait duré 200 ans. La marine de Louis XIV, de Louis XV et de Louis XVI, celle de la république et de l’empire, la marine même du gouvernement de Juillet, ce ne sont pas des marines différentes ; c’est la même marine à différents âges. Entre le Soleil Royal monté par le maréchal de Tourville et l’Océan monté par l’amiral Hugon, il n’y a que des perfectionnements de détail, perfectionnements que deux siècles ont été bien lents à réaliser. Entre l’Océan et le Napoléon, il y a toute la distance qui sépare le reptile de l’oiseau. »

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