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École navale : une bien belle histoire (1840)

en

Extrait du Journal Politique et Littéraire de Toulouse et de Haute-Garonne du 31 janvier 1840 (n°16, 29e année) :

« On lit dans l’Auxiliaire Breton de Rennes :

Le trait de touchante camaraderie d’école que nous allons rapporter s’est passé à Brest, sur le vaisseau-école l’Orion. Un élève de l’école de marine en a été l’objet. Ce jeune homme sort de nos murs et appartient en quelque sorte à notre ville : c’est un titre de plus pour exciter notre intéret.

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Portrait de l’Homme de mer

Extrait des Annales Maritimes et Coloniales, année 1816, IIe partie, page 184 :

« Entre toutes les productions sorties de la plume de feu Thomas, professeur en l’université de Paris, on distingue son Éloge de Duguay-Trouin, qui remporta le prix à l’académie française. Nous en avons extrait ce qu’on va lire. Les gens du monde seront sans doute frappés d’une aussi vive peinture des travaux, des dangers et de la gloire du marin, et les marins resteront convaincus qu’une juste appréciation et de dignes éloges ne manqueront jamais à leurs travaux, à leurs dangers et à leur gloire.

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Une mutinerie à bord du Borda (1846)

Le Borda, extrait du journal l’Illustration, janvier-février 1847

J’évoquais dans un précédent billet consacré à l’histoire de l’École navale la dureté de la vie à bord des vaisseaux-écoles, notamment sur l’Orion et le premier Borda (ex-le Commerce de Paris), tous deux à deux ponts seulement et plus petits que les Borda suivants, à trois ponts.

Ces conditions de vie particulièrement difficiles pour les élèves, tous âgés d’une quinzaine d’années, provoquèrent des désordres relativement réguliers, surtout sur le premier Borda, où l’ennui, la monotonie et les rivalités entre les deux divisions – séparant les jeunes de première année, les fistots, et ceux de seconde année, les anciens – entraînèrent plusieurs rixes. L’une d’entre elles en 1846 dégénéra même en véritable mutinerie, nécessitant l’intervention du préfet maritime et le renvoi de sept élèves par le ministre de la Marine de l’époque, le baron de Mackau.

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La réduction du nombre de nos vaisseaux (1814-1819)

Extrait d’un intéressant document Réduction progressive du nombre de nos vaisseaux, depuis le 23 avril 1814 jusqu’à la fin de 1819 publié aux Annales maritimes et coloniales en 1820 :

« Vaisseaux existant en 1814 – Il existait dans nos ports en 1814, après la convention du 23 avril, 71 vaisseaux, dont 52 à flot, portés comme disponibles sur les états de la marine  ; 19 en construction.
Le Duquesne et le Tourville, vaisseaux-écoles de Brest et de Toulon, étaient déjà condamnés à la démolition.

Vaisseaux condamnés depuis cette époque – Depuis le 23 avril 1814, 10 vaisseaux ont été condamnés ; savoir : 3 à la démolition, 7 à servir de bagnes flottants, de magasins et de corps-de-garde. Ce qui fait deux par année.

Vaisseaux mis à l’eau depuis 1814, et nombre de ceux existant à flot à la fin de 1819 – Le nombre de vaisseaux à flot serait donc resté de 42, si 8 vaisseaux mis à l’eau depuis le 23 avril 1814 n’en étaient venus porter le nombre à 50 ; mais, depuis qu’il est question du budget de 1820, deux autres vaisseaux (le Jemmapes et le Triomphant) ont été reconnus hors de service, et le nombre de vaisseaux existant à flot se réduit effectivement à 48.

Vaisseaux en construction à la fin de 1819 – Sur les 19 vaisseaux en construction, on vient de voir que 8 ont été mis à l’eau ; il devrait donc en rester 11, mais l’un d’eux, le Sans-Pareil de 118 a été démonté en juin 1816 parce que sa membrure, peu avancée, dépérissait sur les chantiers ; et sur la fin de 1818, il a été jugé plus utile de l’employer à la refonte du vaisseau le Wagram, de 118 canons. Il ne reste donc plus que 10 vaisseaux en construction au 1er janvier 1820.

Vaisseaux refondus depuis 1814 – La durée moyenne des vaisseaux n’est que de 14 ans, après lesquels on obtient, par le moyen de refontes, une prolongation d’existence d’environ 7 ans, pour la moitié d’entre eux à peu près : ainsi, sur 52 vaisseaux, il en serait disparu un peu de moins de 4 par ans, sans la refonte des plus vieux ; ce qui réduit ce nombre à deux par année, ainsi qu’on l’a vu plus haut.

Observations – Il faut d’ailleurs observer que, dans l’impossibilité de faire depuis cinq ans toutes les constructions nécessaires, parce que l’insuffisance de la dotation de la marine ne l’a pas permis, on a mis la plus grande réserve dans la condamnation des vaisseaux ; et parmi les 48 actuellement portés dans les états des forces navales, il en est plusieurs qui ne seront évidemment jamais en état d’être réarmés. »

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De la faiblesse de notre artillerie navale en 1800

Extrait intéressant du Précis des pratiques de l’art naval (1817) par J.-B.-A. Babron, alors Lieutenant de vaisseau en retraite. Vous pouvez consulter cet ouvrage sur le site gallica.bnf.fr. Je me permets de citer ici une bonne partie du chapitre consacré à l’artillerie navale :

« L’artillerie d’un vaisseau, artilleria de un navio, the artillery of aman of war, est composée de tous les canons qui forment ses différentes batteries, de leurs ustensiles, munitions et garnitures. Les ordonnances du Roi ont fixé les calibres de l’artillerie des vaisseaux de guerre français aux sept suivans : 36, 24, 18, 12, 8, 6, 4 ; et pour les caronades, à ceux de 36, 24, 18, 12. On dit qu’un vaisseau a une plus forte artillerie que tel autre, lorsqu’il porte des canons d’un plus fort calibre. On fait les canons marins plus courts et plus renforcés de métal que ceux qui servent à terre, afin qu’ils occupent moins de place dans le vaisseau et qu’ils soient plus solides, quoique plus légers que ceux-ci. On tient les canons de la batterie basse à la serre pendant le cours de la navigation, et on ne les met en batterie, hors de leurs sabords , que pour le combat, ou en rade, afin de donner au vaisseau une apparence guerrière.

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Le bilan de la Marine française de l’Ancien Règime

Ci-dessus : la bataille de Béveziers, 1690. Par Albert Brenet. A gauche, le Soleil Royal, vaisseau amiral du comte de Tourville.

Dans ses Souvenirs d’un amiral, publiés en 1860, Edmond Jurien de la Gravière*, fameux amiral de la Marine française du Second Empire, écrit :

« De 1676 à 1782, la marine française a livré vingt et une batailles rangées ; elle n’en a perdu que trois. Dans presque toutes les autres, elle est restée maîtresse du champ de bataille. Nos défaites mêmes n’ont point eu le caractère désastreux qu’on a voulu généralement leur imputer ; le découragement qu’elles nous inspirèrent en fut la plus triste conséquence. »

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La prédiction de Choiseul (1761)


En ce jour anniversaire de la capitulation du général britannique John Burgoyne (le 17 octobre 1777) suite à la fameuse bataille de Saratoga lors de la Guerre d’Indépendance américaine, je cite une remarque intéressante du duc de Choiseul s’adressant au Britannique Hans Stanley. Elle aurait été formulée au cours des négociations de paix de l’été 1761 mettant fin à la guerre de Sept Ans, très désastreuse pour la France, qui perdit ses colonies en Amérique du Nord et en Inde :

« Je m’étonne que votre grand Pitt attache tant d’importance à l’acquisition du Canada, territoire trop peu peuplé pour devenir jamais dangereux pour vous, et qui, entre nos mains, servirait à garder vos colonies dans une dépendance dont elles ne manqueront pas de s’affranchir le jour où le Canada sera cédé. »

La citation est rapportée par Cornelis de Witt dans son ouvrage Thomas Jefferson : étude historique sur la démocratie américaine publié en 1861.

Ainsi que le rappelle Edmond Dziembowski dans la préface de l’ouvrage de Jonathan R. Dull La guerre de Sept Ans, traduit en français et publié aux éditions Les Perséides en janvier 2009, la réflexion du ministre français est fondée sur le bon sens. En devenant anglais, le Canada cesse de constituer une menace pour les Treize Colonies d’Amérique du Nord. La protection militaire britannique devenant de ce fait inutile, les colons américains ne tarderont pas à vouloir s’émanciper… Ainsi Choiseul prédit l’indépendance des États-Unis d’Amérique vingt ans avant Yorktown !

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Pourquoi je veux être marin…

Extrait de Les Écoles royales de France ou l’avenir de la jeunesse par Alexandre de Saillet (1843) :

« De toutes les carrières, aucune n’exerce plus de séductions sur les jeunes imaginations que celle de la marine. Ici, la poésie domine et se retrouve partout ; sur la mer, avec ses magnifiques spectacles, ses sublimes horreurs, ses immenses solitudes ; au milieu de la tempête avec ses convulsions, ses dangers et ses luttes ; dans les voyages avec leurs émotions imprévues, l’ardent attrait de la curiosité ; le vaisseau, surtout, cet être inerte et pourtant animé, docile, obéissant, gracieux, multiple, admirable dans son ensemble comme dans ses détails, qui semble s’identifier avec les sentiments de celui qui le guide, qui se passionne avec lui, se calme, s’irrite, bondit, se précipite, s’arrête au gré du maître : le vaisseau est la manifestation la plus saisissante du pouvoir de l’homme sur les éléments. On comprend que les plus nobles qualités sont nécessaires à celui qui veut être marin. Dans cette profession, le courage, le sang-froid, le mépris des douleurs de la vie, la persévérance dans la volonté, sont à chaque instant mis à l’épreuve ; voilà pourquoi la jeunesse, qui est ardente et généreuse, éprise de tout ce qui est noble et grand, avide d’émotions, trouve tant d’attrait dans le métier de la mer. Quel est l’écolier, qui, l’esprit exalté par la lecture attachante du livre de Daniel de Foe, ou par celle de tous les Robinsons qu’il a inspirées, quel est l’écolier qui, de douze à seize ans, et plus loin encore, n’ait pas rêvé les aventures ?… Eh ! mon Dieu ! nous avons tous couru, en imagination, les plus imminents dangers maritimes ; nous avons fait naufrage, nous avons livré des combats acharnés à de farouches pirates, découvert des îles, que sais-je, un nouveau monde peut-être ; nous avons surpassé les travaux des Cook, des Lapeyrouse, des Bougainville, des Dumont-Durville ! Combien de fois avons-nous assisté au baptême du bonhomme la Ligne, traversé les glaces polaires, couché sous la chaumière indienne, ou terré dans la tanière enfumée du Kainschadale ?… Douces illusions du jeune âge, rêves charmants, erreurs délicieuses, on vous regrette quand vous avez fui, sans laisser sur notre vie d’autres traces que celles d’un songe agréable ; mais qu’il vous déplore amèrement celui qui, sous votre influence et sans consulter murement ses forces, a déterminé sa route et lancé son char ! Que de désappointements l’attendent ! Quels déboires il essuiera, par combien d’ennuis, de chagrins, de découragements il paiera son imprudence ! Combien il eut béni la voix protectrice qui, l’arrêtant à son départ, l’eut fait revenir sur ses pas ! Mais, hélas ! il est trop tard, il faut qu’il marche, qu’il marche toujours malgré la fatigue, malgré l’abattement, et qu’il porte jusqu’au bout, comme une croix, le fardeau qui l’écrase. […] »

Car assurément, le choix d’une carrière en général, et en particulier celle de marin, mérite réflexion…