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Marine française c. Royal Navy (1792-1814)

La bataille du 13 prairial an II. Par Philippe-Jacques de Loutherbourg, 1795

J’ai dans un précédent article listé les batailles navales franco-britanniques à l’époque de l’Ancien Régime : lire Marine Royale contre Royal Navy (1688-1783). Je poursuis ici ce même travail pour l’époque Révolution-Empire (1792-1814).

Pour cette période, j’ai compté dix batailles navales, avec les réserves déjà développées dans mon précédent billet. Je n’ai pas compté, ni la bataille de Grand-Port (1810), victoire française inscrite sur l’Arc de Triomphe, ni la bataille de Lissa (1811), victoire britannique, car il s’agit de combats entre frégates. Je n’ai pas tenu compte non plus des combats de la flottille de Boulogne, ni de la bataille de l’île d’Aix en 1809, car il ne s’agit pas d’affrontements entre plusieurs escadres de vaisseaux (voir la définition de « bataille navale » que je propose dans le premier article). Enfin, les combats timides et anecdotiques des dernières années de l’Empire, devant Toulon notamment, durant lesquelles aucun vaisseau n’est perdu de part et d’autre, ne sont pas non plus comptés.

Sur les 10 batailles analysées, je compte 1 victoire française, 8 victoires britanniques et 1 bataille indécise.

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Marine royale contre Royal Navy (1688-1783)

La bataille du cap Béveziers, le 10 juillet 1690, par Gustave Alaux. Collection du Musée national de la Marine

On ne devrait pas résumer l’action et même l’histoire d’une marine aux seules batailles navales. Je vais pourtant le faire ici afin de répondre à une question que l’on me pose souvent :

Est-il vrai que la marine française a presque toujours perdu contre la marine britannique ?

J’ai essayé de répondre à cette question en listant ci-dessous les batailles navales franco-britanniques à l’époque de l’Ancien Régime, de la guerre de la Ligue d’Ausbourg (1688-1697) jusqu’à celle de l’Indépendance américaine (1775-1783). Pour chacune de ces batailles, brièvement résumées, j’ai indiqué la marine qui en est sortie vainqueur. Vous trouverez en toute fin d’article les différentes sources utilisées.

[J’ai réalisé la même liste commentée pour la période Révolution-Empire (1792-1814)]

J’ai rencontré au cours de ce travail deux difficultés :

1. Qu’est-ce qu’une bataille navale ?
2. Qu’est-ce qu’une victoire navale ?

Ces deux questions sont plus complexes qu’il n’y parait.

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Dommages subis sous le feu de l’ennemi au XVIIIe siècle – L’exemple du vaisseau le Souverain à la bataille du 17 août 1759

(Extrait du n°270 de la revue Neptunia, éditée par l’Association des Amis du Musée de la Marine. Article écrit par Patrice Decensière, mis en ligne sur Trois-Ponts! avec son aimable autorisation.) – Lien vers le site internet de l’AAMM.

On sait que les vaisseaux de la marine à voile parvenaient assez bien à résister à l’artillerie de leur époque. Mais il est rare de pouvoir constater dans le détail les effets d’un combat sur un vaisseau. Le hasard nous a mis entre les mains un état détaillé des dommages subis par le vaisseau de 74 canons le Souverain au soir le la bataille du 17 août 1759, première étape de la bataille de Lagos.

Ce document, qui fait partie d’un petit lot d’archives laissé par Joseph de Laborde-Lassale, enseigne sur le Souverain, illustre de manière très détaillée l’état dans lequel pouvait se trouver un vaisseau après une bataille, et ce qui devait être exécuté pour le remettre « en état de naviguer et de combattre ».

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Tactique navale et signalisation au temps de la marine à voile

(Extrait du n°280 de la revue Neptunia, éditée par l’Association des Amis du Musée de la Marine. Article écrit par Patrice Decensière, mis en ligne sur Trois-Ponts! avec son aimable autorisation.) – Lien vers le site internet de l’AAMM.

Dans le numéro 274 de Neptunia, nous avons rappelé les conditions dans lesquelles combattait un bâtiment isolé, au temps de la marine à voile, lorsqu’il affrontait un adversaire de taille et de force à peu près comparable (lire sur Trois-Ponts!). Mais les choses étaient nettement plus complexes lorsque le combat opposait deux formations navales comprenant plusieurs vaisseaux. La tactique navale au temps de la voile reste une discipline mal connue, en dépit des nombreux ouvrages qui ont traité de la guerre sur mer.

Représentation idéalisée d’une bataille navale. Bataille de Béveziers. ©SHD ref.Ms.142-10. Les vaisseaux français, en bas, sont rangés en ligne, de part et d’autre de leur amiral (pavillon blanc au grand mât). Ils font feu de leur artillerie de sabord contre les Anglo-Hollandais, qui sont disposés de la même manière autours de leur propre amiral (pavillon rouge).

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Le combat à la mer au temps de la marine à voile

(Extrait du n°274 de la revue Neptunia, éditée par l’Association des Amis du Musée de la Marine. Article écrit par Patrice Decensière, mis en ligne sur Trois-Ponts! avec son aimable autorisation.) – Lien vers le site internet de l’AAMM.

La haute technicité sur laquelle repose la guerre navale moderne tend à nous faire considérer comme primitive la manière de combattre sur mer au temps de la marine à voile. Pourtant, les marins qui armaient ces vaisseaux et ces frégates construits en bois ne comptaient pas que sur leur bravoure pour vaincre les ennemis : la marine a toujours été une arme technique. La conduite des bâtiments de guerre sous le feu de l’ennemi exigeait un savoir-faire qui ne s’acquérait qu’au terme d’une longue expérience à la mer. Beaucoup de fables entourent les combats navals du temps de la marine d’antan : la réalité était tout à la fois plus complexe et plus prosaïque. On ne traitera ici que de la pratique des combats qui opposent deux navires. Les batailles, où s’affrontaient des formations navales, comme des escadres, constituent un sujet plus large englobant la tactique navale et les techniques de signalisation, même si ces batailles rangées dégénéraient parfois en une mêlée confuse où la plupart des bâtiments finissaient par s’affronter en duels singuliers.

Combat de l’Amazone contre la frégate anglaise Santa Margarita le 29 juillet 1782. Cette représentation, bien que très postérieure au combat, paraît assez fidèle à la réalité de la guerre sous voiles au cours du XVIIIe siècle. Les deux bâtiments courent au près, les basses voiles sur cargues. La fumée de la canonnade obscurcit la vision des combattants, et donc la possibilité de bien ajuster le tir. L’Amazone, qui a l’avantage du vent, est en train de perdre son grand mât, ce qui détermine l’issue du combat* : la perte d’un élément important du gréement est le danger le plus grave qui menace un bâtiment au combat. L’Amazone était l’une des frégates construites en 1778 par le chantier Dupuy-Fromy, de Saint-Malo (Neptunia n° 268). Elle fut reprise par les Français dès le lendemain du combat. Aquarelle exécutée par Fréderic Roux en 1827, pour l’Album de l’amiral Willaumez. © MnM, ref J 1102, cl. P. Dantec

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Vaisseaux contre galères

Prise d’un vaisseau hollandais par les galères de France à la hauteur d’Ostende, juillet 1702. Par Théodore Gudin. Châteaux de Versailles et de Trianon, Versailles, France

L’apparition du vaisseau de ligne et son développement au XVIIe siècle eurent pour conséquence le déclin de la galère, quelques décennies seulement après la bataille de Lépante (1571), où elle joua pourtant un rôle décisif. Bien que jouissant encore d’un certain prestige, qu’elle conserva en France jusqu’au XVIIIe siècle, la galère n’eut dés la constitution de la première marine de Louis XIV plus qu’un rôle auxiliaire : missions de patrouille, de course ou de protection des convois.

La galère disposait toutefois d’avantages certains sur les navires à voiles. Sa légèreté et son faible tirant d’eau lui permettaient une grande souplesse de manœuvre, sa propulsion la rendait indépendante de la force ou de la direction du vent et sa proue était armée d’une très puissante pièce d’artillerie (dite coursier). Bien utilisées, ces qualités pouvaient être décisives dans un combat opposant des galères à un vaisseau, à la condition bien sûr que l’absence de vent paralyse les mouvements de ce dernier, et que les galères agissent « en meute », groupées et de manière coordonnée.

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Histoire d’une peinture marine russe

Magnifique toile datant de 1892, signée Ivan Aivazovsky, peintre russe du XIXe siècle dont j’apprécie particulièrement les œuvres. Elle représente un célèbre combat de l’histoire de la marine russe, celui du brick Merkourii (Меркурий, Mercure) s’opposant seul, et avec succès, à deux grands vaisseaux de la marine ottomane, dont un trois-ponts, le 14 mai 1829…

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L’affaire du Rocher du Diamant (31 mai – 2 juin 1805)

En 1804, tandis que la Paix d’Amiens vient d’être rompue, les Anglais décident d’occuper le rocher du Diamant, petit îlot inhabité situé dans la mer des Caraïbes au sud-ouest de la Martinique, à trois kilomètres environ de la pointe du Diamant, dans le canal de Sainte-Lucie. Aux mains des Anglais, le rocher devient un véritable poste d’observation capable d’intercepter toute la navigation française de cette colonie, et d’en signaler impunément tous les mouvements. Une petite garnison, forte d’une centaine d’hommes, est chargée de défendre cette position stratégique. Pendant 17 mois, les Anglais vont fortifier le rocher, une citerne de 40000 litres est creusée, les grottes sont transformées en casernes ou magasins, un hôpital est édifié et de nombreux canons sont hissés au plus haut de son sommet.

Bien entendu, Napoléon fait de la capture du rocher une priorité. Le 31 mai 1805, une escadre française, commandée par le capitaine de vaisseau Cosmao et composée de 4 bâtiments de guerre, donne l’assaut. Le 2 juin, les Anglais à court d’eau et de munitions n’ont d’autres choix que de capituler.

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