Avatar de Inconnu

US Navy et onomastique navale

L’USS Constitution, lancée en 1797, est aujourd’hui encore officiellement en service dans l’US Navy

Le 27 mars 1794, George Washington, premier président des États-Unis d’Amérique, signait le Naval Act of 1794 « Act to Provide a Naval Armament », dont l’article 1er autorisait la construction de six frégates, créant de fait l’United States Navy, la marine de guerre américaine. Un an plus tard, le 14 mars 1795, le Secrétaire d’État Timothy Pickering lui proposait dans une lettre une liste de dix noms potentiels pour ces frégates sur le point d’être mises en construction. Il précisait qu’il avait défini ces noms « as have occurred in my conversations with Gentlemen on the subject » : United States, Constitution, President, Congress, Constellation, Defender, Fortitude, Perseverance, Protector et Liberty.

G. Washington choisit les cinq premiers noms de cette liste pour les cinq premières frégates construites. Plus tard, la sixième frégate fut baptisée Chesapeake, un nom qui ne figure pas dans cette liste et qui fait référence à la décisive bataille de la baie de Chesapeake (5 septembre 1781), durant laquelle la flotte française commandée par le comte de Grasse empêcha la Royal Navy de venir secourir l’armée britannique du général Cornwallis piégée à Yorktown.

Cette histoire résume assez bien la manière de faire des Américains, depuis l’origine même de l’US Navy, pour nommer leurs navires de guerre. Pour en savoir plus, il existe heureusement un intéressant document : Navy Ship Names: Background for Congress, régulièrement mis à jour par l’U.S. Naval Institute, qui traite sur une cinquantaine de pages de la question qui nous intéresse ici. Ce document est la source principale de ce billet.

Lire la suite

Avatar de Inconnu

Un nom longtemps oublié : De Grasse

Le SNA De Grasse est sorti de son chantier de construction à Cherbourg pour être transféré vers le dispositif de mise à l’eau, le 27 mai 2025. ©Naval Group/Lucille Pellerin/REA

Naval Group a communiqué cette semaine sur le lancement prochain (prévu en 2026) à Cherbourg du De Grasse, quatrième sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) de la classe Suffren. L’occasion de parler un peu d’onomastique navale (étude des noms donnés aux navires) !

Ce nom, De Grasse, celui du fameux vainqueur de la bataille de la baie de Chesapeake (1781), et donc de « l’arbitre de la guerre [d’Indépendance américaine] » selon Georges Washington, fut contrairement à ce que l’on pourrait penser peu utilisé – jusqu’à récemment – dans la Marine française.

Lire la suite

Avatar de Inconnu

« Noms de bateaux »

Onomastique navaleExtrait du journal L’Echo d’Alger, 23 avril 1928, un article écrit par Edmond Delage (1886-1968), qui fut notamment professeur à l’École navale, rédacteur en chef de la revue « Défense nationale » et Président de l’Académie de Marine (1956). (Source DataBNF)

« M. Georges Leygues vient de baptiser lui-même une vingtaine de nouveaux bâtiments de guerre. Tenue, casquette, casque – car les marins, ne l’ignorons pas, sont outre-mer, casqués, et fort bien depuis l’adoption du nouveau modèle, semblable à celui des administrateurs coloniaux, – noms de bâtiments, tout cela n’a pas, dans une marine en belle santé, la simple importance d’accessoires. Ces noms que nos matelots portent sur leur bonnet en lettres d’or, jusqu’au bout du monde, sont un peu comme ceux qu’on voit brodés sur la soie des drapeaux de régiment. Ils n’ont pas le droit d’être laids, ni indifférents. S’ils joignent à l’élégance un peu de gloire française, s’ils sont commodes, pittoresques, s’ils disent quelque chose à l’œil ou au cœur d’un équipage – et du public – ce sont de bons noms : il faut les donner, ou les maintenir…

Lire la suite

Avatar de Inconnu

Apprendre les grandes dates de la Révolution avec la flotte française !

« Le Napoléon ci-devant 24 Février » par Auguste Frémy (1816-1885)

Le Napoléon (1850), premier vaisseau de ligne à être doté d’une hélice, fut conçu par le célèbre ingénieur Dupuy de Lôme et mis en chantier à Toulon sous la Monarchie de Juillet. Il fut initialement nommé le Prince de Joinville avant d’être renommé le Vingt-Quatre Février au début de la Deuxième République en 1848, puis le Napoléon quelques jours après son lancement le 16 mai 1850.

Le nom Vingt-Quatre Février peut surprendre. Il fait en fait référence à la journée du 24 février 1848, durant laquelle le roi Louis-Philippe abdiqua et la Deuxième République fut proclamée.

Lire la suite

Avatar de Inconnu

« Nous n’avons pas assez de bâtiments pour leur donner le nom de toutes nos victoires ! »

Les deux sous-marins de type Agosta, ex-Bévéziers et La Praya, sur le point d’être démantelés à Brest en novembre 2020. Crédit : Ewan Lebourdais – http://Ewan-photo.fr

Un jour de l’année 1897, un capitaine anglais de passage à Toulon se vanta devant un jeune officier de marine français de commander un navire nommé Waterloo. Le Français répliqua simplement : « En France, nous n’avons pas assez de bâtiments pour leur donner le nom de toutes nos victoires. » C’était bien répondu !

En France, l’idée de donner à certains navires de la marine de guerre des noms de batailles victorieuses remonte à la période révolutionnaire. Elle fut par la suite développée au XIXe siècle, notamment sous le Premier Empire et la Monarchie de Juillet.

Lire la suite

Avatar de Inconnu

Le Casabianca et l’esprit de suite des noms des navires de la Marine

L’explosion du vaisseau de 118 canons l’Orient lors de la bataille d’Aboukir en 1798. Par George Arnald, 1825.

Le 27 novembre 1942 est l’une des pages les plus dramatiques de l’histoire de la Marine. Ce jour là, la flotte française se sabordait à Toulon pour éviter de tomber entre les mains de l’occupant allemand. Quatre sous-marins et un petit baliseur parvinrent toutefois à quitter la rade de Toulon et à échapper au désastre. Parmi ces bâtiments, le plus fameux est sans doute le Casabianca, parfois nommé à tort le Casablanca.

Luce de Casabianca, d’origine corse, était le capitaine de pavillon de l’amiral Brueys à bord du vaisseau de 118 canons l’Orient. Lors de la bataille d’Aboukir le 1er août 1798, il fut tué pas un boulet ennemi. Son fils, Giocante Casabianca, âgé de 10 ans, également à bord de l’Orient, fut tué lors de l’explosion du navire pendant le combat. Son nom fut donné au sous-marin qui nous intéresse peu avant son lancement en 1935, à l’initiative du ministre de la Marine de l’époque, François Piétri, également originaire de Corse. Il fut le premier bâtiment français à porter ce nom.

Lire la suite

Avatar de Inconnu

Doit-on dire « le sous-marin la Minerve » ou « le sous-marin Minerve » ?

Florence Parly, la ministre des armées, l’a annoncé ce matin : « Nous venons de retrouver la Minerve. C’est un succès, un soulagement et une prouesse technique. Je pense aux familles qui ont attendu ce moment si longtemps ».

La Minerve, sous-marin d’attaque français de type Daphné lancé en 1962 avait disparu le 27 janvier 1968 au large de Toulon, avec 52 marins à son bord. Des recherches pour retrouver le bâtiment avaient été menées de 1968 à 1970, sans succès. Elles avaient repris cette année, à la demande des familles de disparus.

La nouvelle est donc bonne et importante. Elle est également l’occasion pour moi de revenir sur un sujet qui m’intéresse depuis longtemps : l’appellation des navires de guerre français.

J’ai agréablement constaté que l’immense majorité des grands médias ont bien nommé le sous-marin retrouvé LA Minerve et non LE Minerve ! Minerve étant une déesse de la mythologie romaine, le bâtiment doit être féminisé car son nom est féminin, et ce peu importe que le type de navire (sous-marin en l’occurrence) soit masculin ! C’est la règle dans la marine de guerre française, comme je l’ai largement expliqué dans un précédent article du blog.

J’ai toutefois observé une maladresse récurrente dans de nombreux articles de presse : la présence de l’article « la » lorsque le nom du navire est précédé de son type. On peut donc lire dans de nombreux articles : « le sous-marin la Minerve ». Cette façon d’écrire est incorrecte, car l’article « la » ne fait pas partie intégrante du nom du sous-marin français…

Lire la suite

Avatar de Inconnu

La Bretagne : origine d’un nom prestigieux dans la Marine française

Mise à l’eau à Lorient en septembre 2016, la Bretagne, cinquième frégate multi-missions (FREMM) de la Marine nationale, a récemment été admise au service actif, en décembre 2018. L’occasion de rappeler que ce nom, la Bretagne, qui a été porté par de nombreux navires de la Marine française, souvent de première importance, tire son origine d’un vaisseau à trois-ponts construit sous l’Ancien Régime.

Vue de l’intérieur du Port de Brest (1795), par Jean-François Hue. On y distingue 3 vaisseaux trois-ponts de 110 canons : la Bretagne (à l’extrême gauche) et le Républicain, en armement, ainsi que l’Invincible, dans la forme de radoub, à à droite.

Lire la suite