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US Navy et onomastique navale

L’USS Constitution, lancée en 1797, est aujourd’hui encore officiellement en service dans l’US Navy

Le 27 mars 1794, George Washington, premier président des États-Unis d’Amérique, signait le Naval Act of 1794 « Act to Provide a Naval Armament », dont l’article 1er autorisait la construction de six frégates, créant de fait l’United States Navy, la marine de guerre américaine. Un an plus tard, le 14 mars 1795, le Secrétaire d’État Timothy Pickering lui proposait dans une lettre une liste de dix noms potentiels pour ces frégates sur le point d’être mises en construction. Il précisait qu’il avait défini ces noms « as have occurred in my conversations with Gentlemen on the subject » : United States, Constitution, President, Congress, Constellation, Defender, Fortitude, Perseverance, Protector et Liberty.

G. Washington choisit les cinq premiers noms de cette liste pour les cinq premières frégates construites. Plus tard, la sixième frégate fut baptisée Chesapeake, un nom qui ne figure pas dans cette liste et qui fait référence à la décisive bataille de la baie de Chesapeake (5 septembre 1781), durant laquelle la flotte française commandée par le comte de Grasse empêcha la Royal Navy de venir secourir l’armée britannique du général Cornwallis piégée à Yorktown.

Cette histoire résume assez bien la manière de faire des Américains, depuis l’origine même de l’US Navy, pour nommer leurs navires de guerre. Pour en savoir plus, il existe heureusement un intéressant document : Navy Ship Names: Background for Congress, régulièrement mis à jour par l’U.S. Naval Institute, qui traite sur une cinquantaine de pages de la question qui nous intéresse ici. Ce document est la source principale de ce billet.

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USS Constitution c. HMS Guerriere (1812)

Par Anton Otto Fischer

Éphéméride. Le 19 août 1812, au début de la guerre anglo-américaine (1812-1814), la frégate USS Constitution (capitaine Isaac Hull) capture et incendie après un intense combat la frégate HMS Guerriere (capitaine James Richard Dacres), au sud-est de la Nouvelle-Écosse. Bien que les deux navires soient identifiés comme étant des frégates, ils ne sont en vérité pas du même type : le bâtiment américain est une « super-frégate », pensée pour être plus forte que les frégates classiques et plus rapide que les vaisseaux de ligne.

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14 février 1778 : la reconnaissance de la bannière étoilée par la Marine française

La Marine française saluant la bannière étoilée pour la première fois. Par Edward Moran (1829-1901), U.S. Naval Academy Museum

Événement symbolique : le 14 février 1778, en baie de Quiberon, le vaisseau français le Robuste, portant la marque du comte de La Motte Picquet, salue au canon la corvette américaine Ranger, commandée par le capitaine John Paul Jones. Le 74 canons français tire neuf coups de canon en retour des treize coups tirés par le navire américain.

Pour la première fois de l’Histoire, le pavillon américain « Stars and Stripes » est reconnu par une puissance étrangère, quelques jours après la signature du Traité d’alliance entre les la France et les États-Unis d’Amérique le 6 février 1778.

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Ces vaisseaux étrangers portant des noms français

Je lisais dernièrement qu’au début de la Première Guerre mondiale, les Anglais souhaitant marquer leur alliance avec la France, ennemie et rivale d’hier, nommèrent étrangement deux de leurs monitor Marshal Ney et Marshal Soult (photographie ci-dessus).

L’idée peut sembler flatteuse. On ne peut s’empêcher toutefois de remarquer qu’ils ont préféré honorer deux maréchaux de Napoléon (vaincus à Waterloo), des terriens et non des marins, et qu’ils ont continué à nommer leurs plus belles unités Nelson et Agincourt, par exemple. Naturellement, on ne leur en voudra pas, nous Français qui continuâmes à nommer nos cuirassés Jean Bart.

Le fait qu’une puissance navale étrangère utilise des noms français pour baptiser certains de ses bâtiments peut sembler curieux. En fait, plusieurs navires étrangers, anglais mais également américains ou russes, ont porté des noms d’origine française. Quelques exemples me viennent en tête, l’occasion d’écrire – d’un trait – un bref billet sur ce sujet.

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Navires d’un autre temps


Il est fascinant de constater à quel point les navires de guerre, tant par leur aspect extérieur que par leur conception et leur armement, ont pu évoluer en seulement quarante années, de la fin de la Guerre de Crimée, en 1856, jusqu’au commencement du XXe siècle. Revenons simplement quelques siècles en arrière, les vaisseaux de la marine de Louis XVIII n’étaient guère différents de ceux de Louis XIV, son arrière arrière grand-père, qui régna sur la France un siècle avant lui.

Dans son ouvrage La marine d’autrefois, l’amiral Jurien de La Gravière écrit au début des années 1860 : « La marine de Louis XIV, de Louis XV et de Louis XVI, celle de la république et de l’empire, la marine même du gouvernement de Juillet, ce ne sont pas des marines différentes, c’est la même marine à différents âges. Entre le Soleil Royal monté par le maréchal de Tourville et l’Océan monté par l’amiral Hugon, il n’y a que des perfectionnements de détail, perfectionnements que deux siècles ont été bien lents à réaliser. » Bien qu’importants pour le spécialiste, ces « perfectionnements de détail » sont effectivement invisibles pour un œil non expert, qui aura souvent bien du mal à distinguer le Royal Louis de 1667 de celui de 1814. Il est pourtant certain qu’il pourra aisément reconnaitre le vaisseau de ligne de la marine ancienne, en bois et à voiles, à coté du navire moderne, à vapeur et cuirassé. C’est ce contraste saisissant qui nous intéresse ici.

La photographie ci-dessus est, de ce point de vue, très symbolique. On y voit les deux navires les plus emblématiques de leur temps : le vaisseau HMS Victory (à gauche) et le cuirassé HMS Dreadnought (à droite). Le premier est probablement le plus fameux vaisseau de l’histoire de la Royal Navy, celui qui porta la marque de l’amiral Nelson à Trafalgar, celui qui, encore aujourd’hui, est présent à Portsmouth. Le second est le premier cuirassé « monocalibre » du monde, celui qui, dés son lancement en 1906, rendit obsolètes tous les navires de surface construits jusque là.

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L’America, premier vaisseau de la marine américaine

En octobre 1775, six mois après le début de la Guerre d’Indépendance américaine, le Continental Congress réuni à Philadelphie, désireux de doter la jeune république américaine d’une marine de guerre, forme le Naval Commitee et le charge de créer et de développer la Continental Navy, ancêtre si l’on peut dire de la fameuse US Navy. Composé de trois puis de sept membres, ce comité devient en décembre de la même année le Marine Commitee, ses attributions étant étendues à l’ensemble des affaires maritimes.

La mission du Marine Commitee est loin d’être simple. Il peut toutefois s’appuyer sur l’expérience des chantiers de construction de la côte atlantique qui, depuis un siècle, construisent des navires pour la marine anglaise, notamment marchande, ainsi que sur les marins et officiers qui ont jusqu’alors servi dans la flotte de Sa Majesté. Parmi eux se trouve le jeune lieutenant de vaisseau John Paul Jones, qui sut résumer une évidence en une formule restée célèbre : « Without a respectable Navy, alas America ! »

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Talleyrand et l’affaire X, Y, Z par Eric Sinou-Bertault


Je viens de me rendre compte que j’ai « manqué » la publication en janvier dernier d’un ouvrage traitant d’un sujet relativement méconnu : Talleyrand et l’affaire X, Y, Z par Eric Sinou-Bertault.

Depuis l’exécution de Louis XVI, les relations entre les jeunes républiques française et américaine sont paradoxalement tendues. Les États-Unis se rapprochent de plus en plus de l’Angleterre, au grand dam de la France, qui autorise dés lors ses corsaires à arraisonner les navires américains qui commercent avec les Britanniques. Finalement, une délégation d’émissaires américains est envoyée à Paris en 1797 afin de négocier un nouveau traité bilatéral. Trois agents de Talleyrand, ministre français des Relations extérieures, publiquement désignés X, Y et Z, exigent des concessions importantes et des pots-de-vin pour continuer les négociations. L’affaire est révélée par la presse américaine. Elle fait grand bruit et aboutit à une « Quasi-Guerre », uniquement navale et non officiellement déclarée, entre les deux nations hier encore alliées.

Les hostilités commencent plus précisément le 20 novembre 1798, près de la Guadeloupe lorsque les frégates françaises la Volontaire et l’Insurgente capturent la goélette américaine Retaliation. Les combats restent cependant rares, se limitant à des engagements entre corsaires et quelques duels de frégates, on retiendra notamment la prise de la frégate l’Insurgente par la frégate USS Constellation.

Cette situation absurde ne dure guère, Napoléon Bonaparte, fraichement arrivé au pouvoir, tient à y mettre un terme rapidement. La Quasi-Guerre s’achève le 30 septembre 1800 par le traité de Mortefontaine.

Publié aux éditions L’Harmattan le 5 janvier 2013, ce livre de 276 pages est à ma connaissance le seul ouvrage en français sur cette malheureuse affaire. Pour cela, il mérite certainement que l’on s’y intéresse.

MAJ 6 octobre 2013 : C’est avec tristesse que je viens d’apprendre le décès récent de Monsieur Eric Sinou-Bertault. Cet homme très aimable et passionné m’avait contacté peu après la publication de ce billet il y a plusieurs semaines, l’occasion d’échanger plusieurs messages à propos de notre intéret commun pour l’histoire de la marine. Eric Sinou-Bertault était membre de l’Association des Amis du Musée de la Marine (AAMM), de la Société Française d’Histoire Maritime, du Comité Nantais de documentation historique de la Marine, de la North American Society for Oceanic History et de la Société Canadienne de Recherche Nautique. Une bien malheureuse nouvelle.