Événement ! Véritable joyaux du patrimoine maritime français, le canot de l’Empereur a officiellement été dévoilé ce matin aux ateliers des Capucins, à Brest. Initialement exposé au musée national de la Marine à Paris, il avait été déplacé en octobre 2018 pour être transporté à Brest où il a dernièrement été restauré.
Il existe au sujet de cette pièce unique – dont j’ai déjà rédigé un bref historique – une drôle d’anecdote racontée par l’impératrice Marie Louise dans son journal intime.
Le 30 avril 1810, Napoléon qui est à l’apogée de son pouvoir vint visiter pendant plusieurs jours l’arsenal d’Anvers, pour lequel il avait de grandes ambitions et qui avait récemment été attaqué par les Britanniques, sans succès.
Durant cette visite, l’Empereur et l’Impératrice utilisèrent le canot d’apparat sujet de cet article. Celui-ci était alors commandé par le chef militaire et des mouvements du port, le capitaine de vaisseau Guy-Pierre de Kersaint.

Napoléon Ier et Marie-Louise visitent l’escadre mouillée dans l’Escaut devant Anvers en 1810. Mathieu-Ignace Van Brée (1773–1839). Collections du château de Versailles.
Marie-Louise écrit dans son journal : « Le voyage sur l’eau aurait été très agréable sans une odeur affreuse qui nous poursuivait dans tous les coins de la gondole et à la suite de laquelle il aurait pu arriver une aventure fort triste. M. de Kersaint, officier assez distingué, fut pris tout d’un coup d’une colique effroyable […] Le malheureux s’aperçut que nous nous bouchions le nez avec nos flacons, que l’Empereur s’en était aperçu […] »
Kersaint n’eut guère le temps de réfléchir, il se tourna vers les maréchaux Berthier et Bessières, qui étaient présents à côté de lui, leur dit « je suis un homme perdu » et se jeta dans l’eau ! Il fut heureusement repêché par un autre canot.
Honteux, il dira plus tard à l’Empereur : « Sire, j’ai empoisonné le plus beau jour de ma vie ! » Napoléon ne lui tint pas rigueur de cette mésaventure ! Le soir même, il lui fit envoyer une dotation afin de le réconforter. Il le nommera d’ailleurs Préfet maritime d’Anvers le 9 mars 1812 ! Plus tard, dés la première Restauration en 1814, Louis XVIII le promut contre-amiral et commandeur de la Légion d’honneur, peut être un peu pour avoir tenté d’empoisonner son ennemi politique !
Source :
– Niderlinder, Alain. Le canot d’apparat de Napoléon Ier (de 1810 à 2018), Neptunia n°293 (2019)
– Quintin, Danielle et Bernard. Dictionnaire des capitaines de vaisseaux de Napoléon
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Magnifique: quel beau retour à Brest!