Nous sommes aujourd’hui le 1er novembre, et comme tous les 1er novembre depuis 183 ans, l’École navale, officiellement née en 1830 comme école flottante, célèbre son anniversaire. L’occasion de présenter une brève histoire de cette institution, chargée comme vous le savez probablement d’assurer la formation initiale des futurs officiers de la Marine nationale.
L’origine du vaisseau-école en France remonte en fait au décret du 27 septembre 1810, lorsque Napoléon, souhaitant réorganiser la formation des officiers de marine, avait créé deux Écoles spéciales de marine : l’une à Brest sur le Tourville, et l’autre à Toulon sur le Duquesne. Les deux navires avaient été disposés pour permettre des études suivies, avec des salles de cours dans la batterie haute et des bureaux et hamacs pour les élèves dans la batterie basse. Les écoles flottantes n’étant aucunement navigantes, plusieurs corvettes furent annexées aux deux vaisseau-écoles pour apprendre aux jeunes élèves l’art de l’appareillage et de la navigation.
La Restauration, souhaitant détruire tout ce que l’Empire avait fait, réforma rapidement la Marine. Elle supprima les écoles flottantes, leur reprochant une tendance trop forte à faire prévaloir l’exercice sur l’enseignement, et créa par une ordonnance du 31 janvier 1816 un Collège royal de marine à Angoulême, bien loin de la mer. L’instruction théorique devait y être donnée dans un premier temps, l’éducation pratique étant effectuée dans un second temps, à bord de corvettes d’instruction armées spécialement à cet effet dans les ports de Brest, Rochefort et Toulon. Trop facile, trop douillette, il parut rapidement évident que le collège d’Angoulême n’était pas adapté.
La Monarchie de Juillet allait rectifier cette erreur en instituant en École navale l’école flottante établie pour essai depuis 1827 à bord du vaisseau l’Orion, ancien vaisseau de 74 canons mis en chantier en 1810 et lancé trois ans plus tard à Brest. Le collège d’Angoulême fut ainsi supprimé. L’ordonnance du 1er novembre 1830 précisait en préambule : « L’expérience ayant justifié les espérances qu’on avait conçues du système actuellement suivi pour compléter l’instruction théorique et pratique des jeunes gens qui se destinent à la marine, nous avons jugé à propos de pourvoir définitivement à la régularisation de ce système. En conséquence, et sur le rapport de notre ministre, secrétaire d’État de la marine et des colonies, nous avons ordonné et ordonnons : Art. 1er L’école établie à Brest sur le vaisseau l’Orion, par décision du 7 mai 1827, portera le nom d’École navale. […] »
L’enseignement y était donc aussi bien théorique que pratique. Il comportait des cours de navigation, hydrographie, géométrie descriptive, architecture navale, physique générale, grammaire, morale, histoire, anglais, dessin pittoresque et linéaire, manœuvre des vaisseaux et tactique navale, théorie et exercice du canon et du fusil. Une corvette fut armée et affectée à l’École navale pour les exercices de manœuvre. La scolarité, d’abord fixée à un an, fut dés 1833 portée à deux, durant lesquelles les élèves, âgés de 12 à 16 ans, devaient passés de nombreux examens destinés à constater leurs progrès. Ceux qui réussissaient l’examen final étaient embarqués en qualité d’élèves de la marine de deuxième classe sur les bâtiments de la flotte. Après vingt mois de navigation, ils étaient nommés élèves de première classe, puis enseignes de vaisseau après deux nouvelles années de navigation en cette qualité.
On changea au cours du siècle plusieurs fois de vaisseau école : en 1840, l’Orion fut remplacé par le Commerce (ex-le Commerce de Paris), qui en 1864 fut remplacé par le Valmy, lui-même remplacé en 1890 par l’Intrépide. Tous ces navires prirent le nom de Borda, rendant ainsi hommage au célèbre scientifique et navigateur qui joua un rôle important dans l’évolution de la Marine française durant la seconde partie du XVIIIe siècle. Seul le Duguay-Trouin, école navale en 1913 et 1914, garda son nom d’origine. Il fut le dernier car, la guerre venue, la Marine mit en place une formation accélérée dans les locaux de la flottille des torpilleurs de Lanion.
Dés lors, la décision fut prise d’organiser l’école à terre. En octobre 1935, l’École navale s’installa sur le plateau des Quatre-Pompes, à Saint-Pierre Quilbignon. Elle n’y resta que cinq ans car en juin 1940, les élèves s’y trouvant se vit contraindre de fuir devant l’avance allemande et de s’embarquer sur le Richelieu qui rallia Dakar.
La paix revenue, l’École navale fut transférée sur la rive sud de la rade, à Lanvéoc, dans les locaux de la base aéronavale du Poulmic. Elle s’y trouve encore aujourd’hui.