« Ils régnèrent sur les arsenaux français durant six générations, depuis Laurent, né à La Ciotat vers 1630, jusqu’à Joseph Marie Blaise, dernier du nom, retiré du service en 1792. » C’est ainsi que Martine Acerra, spécialiste de la marine du XVIIIe siècle, introduit son bref article sur la famille toulonnaise Coulomb dans le Dictionnaire d’histoire maritime réalisé sous la direction de Michel Vergé-Franceschi. Il faut dire, que forte de douze constructeurs (voir ci-dessus), la famille Coulomb réalise, depuis le règne de Louis XIV jusqu’à celui de Louis XVI, de très nombreux navires de guerre, parmi les plus beaux et les plus prestigieux de la marine de l’Ancien Régime.
Laurent Coulomb, fondateur de la dynastie, et son fils ainé François construisent ainsi à eux seuls 76 bâtiments dont 44 vaisseaux de ligne – dont le fameux Royal Louis de 1692 – entre 1659 et 1705. Au cours de leur carrière, Laurent et François Coulomb jouiront d’une immense réputation. Au XVIIIe siècle, les Coulomb réalisent également un grand nombre de vaisseaux, dont trois trois-ponts – le Royal Louis (1757) de Jacques Luc Coulomb ainsi que le Terrible (1779) et le Majestueux (1780) de Joseph Marie Blaise Coulomb – et sept deux-ponts de 80 canons. Si bien que sur les vingt-et-un grands vaisseaux (neuf trois-ponts et douze 80 canons) construits sous l’Ancien Régime durant ce siècle, dix – c’est à dire presque la moitié – ont été réalisés par un Coulomb. Tous ces bâtiments sont construits à Toulon à l’exception notable du célèbre Soleil Royal de 1749, construit à Brest par Jacques Luc Coulomb, et du Royal Louis de 1758, également construit à Brest par le même constructeur. (Lire les billets consacrés aux vaisseaux à trois-ponts et aux 80 canons français pour s’y retrouver.)
Tout au long de l’Ancien Régime, les Coulomb forment un véritable clan, dans lequel les adultes assurent la formation de leurs fils et neveux. L’omniprésence de la dynastie disparait finalement suite à la Révolution et face à la toute puissance du constructeur Sané, dont les vaisseaux constituent l’épine dorsale de la Marine française durant toute la première moitié du XIXe siècle.