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Les Aigles de la marine du Premier Empire

La Distribution des aigles – ou Serment de l’armée fait à l’Empereur après la distribution des aigles – le 5 décembre 1804. Par Jacques-Louis David, 1810

Le 5 décembre 1804, trois jours seulement après le sacre, Napoléon organisa une cérémonie grandiose sur le Champs-de-Mars afin de remettre les drapeaux et aigles à l’armée impériale. Placées au sommet de la hampe des drapeaux, ces aigles étaient fortement inspirées de celles des armées romaines durant l’antiquité. (Rappelons que dans ce contexte, Aigle est féminin).

Fait plutôt méconnu : les aigles ne furent pas destinées à la seule armée de terre. Elles furent également distribuées à la marine et notamment aux vaisseaux. Ce jour-là, trente-sept vaisseaux de ligne reçurent une aigle.

Les navires concernés furent le Vengeur, le Républicain, le Foudroyant, l’Invincible, le Brave, le Cassard, l’Impétueux, le Patriote, le Jean Bart, le Wattignies, le Diomède, le Jupiter, l’Aquilon, l’Alliance, l’Eole, le Conquérant, le Vétéran, le Batave, l’Ulysse, le Mont-Blanc, l’Alexandre, le Formidable, le Neptune, l’Annibal, l’Indomptable, l’Atlas, le Swiftsure, l’Intrépide, le Berwick, le Scipion, le Bucentaure, le Majestueux, le Jemmapes, le Magnanime, le Suffren, le Lion et l’Algésiras. Pourquoi la dizaine d’autres vaisseaux de ligne que comptait la marine française en 1804 ne reçurent pas d’aigle ? Je ne saurais le dire.

Moins d’un an plus tard, sur les dix-huit vaisseaux français qui prirent part à la bataille de Trafalgar, le 21 octobre 1805, dix vaisseaux avaient une aigle à leur bord, dont le vaisseau-amiral de Villeneuve, le 80 canons le Bucentaure (ci-dessous). Étonnamment, aucune ne fut capturée par les Britanniques.

Le Bucentaure à Trafalgar. Détail d’un tableau d’Auguste Mayer, 1836

La seule aigle de vaisseau qui fut prise par l’ennemi fut en fait celle du vaisseau l’Atlas, vieux 74 canons lancé en 1754 par les Espagnols et cédé à la France en 1801. L’Atlas fut capturé avec son aigle par les Espagnols dans le port de Vigo le 9 juin 1808.

L’aigle de l’Atlas est encore aujourd’hui exposée au Museo Naval de Madrid. Il s’agit à ma connaissance de la seule Aigle de vaisseau conservée dans le monde. Toutes les autres ont : soit été détruites au début de la Restauration, soit jetées à la mer pour éviter leur capture (ce fut notamment le destin de celle du Bucentaure à Trafalgar), soit perdues en mer suite au naufrage du navire.

L’Aigle du vaisseau l’Atlas, conservée au Museo Naval de Madrid

Il fut un temps où la France voulut récupérer l’aigle de l’Atlas. Dans un article de la revue Neptunia (n°74) paru dans les années 1960, Jean et Raoul Brunon affirment qu’un accord passé entre le régime de Vichy et l’Espagne de Franco en 1941 prévoyait la restitution de l’Aigle à la France. Selon la même source, « 80 trophées espagnols des guerres de l’Empire, conservés au Musée de l’Armée et à la Chambre des députés, furent données à l’Espagne, l’Aigle de l’Atlas devait nous être rendue. Il n’en fut rien. » Malgré quelques recherches, je ne suis pas parvenu à trouver la moindre trace de cet « accord ». Je suis preneur de toutes informations que vous auriez à ce sujet.

Sources :
– Balland, Pierre-Antoine. Drapeaux et Aigles dans le Dictionnaire Napoléon rédigé sous la direction de Jean Tulard
– Brunon, Jean et Raoul. Les Aigles de la Marine sous le premier Empire. Revue Neptunia n°74
– Charrie, Pierre. Les Aigles de la Marine impériale. Revue Neptunia n°75
– Regnault, Jean. A propos des aigles de la marine impériale. Revue Neptunia n°76

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